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L’HISTOIRE DU GRADE DE CHEVALIER KADOSCH EN FRANCE
par le Vén. Frère N.B.
Loge de Recherches Ars Macionica n° 30, Bruxelles, GLRB


Nous ne savons pas encore avec certitude quand le structure fondamentale en trois grades, celle qui est à la base de l'ensemble des systèmes maçonniques actuels, a pu prendre une allure générale et consolidée en milieu anglo-saxon. Mais il semble, en tout cas, que c'est cette structure, désormais confirmée outre-Manche, qui a été exportée en France dans les années '30 du XVIIIe siècle -ce siècle des guerres, des libérations, des commerces; sans exclure cependant qu’une première pratique maçonnique ait pu atteindre la France auparavant, à la suite de l'arrivée sur le sol français des exilés Stuarts dont les prétentions aux trônes de Londres et d'Edimbourg étaient suivies avec sympathie par le gouvernement français[i].

Quoi qu'il en soit, le succès de l'approche maçonnique, en tant que centre d'union religieux et social, fut tel dans les années '30 du XVIIIe siècle en toute l'Europe, qu'il n'est pas exclu qu'on ait essayé bientôt d'enrayer les tendances négatives, ou supposées telles, qui d'un tel succès étaient la conséquence, tant sur le plan de ce qu'on pourrait appeler la perte de sa densité conceptuelle ou religieuse que sur le plan de l'insertion dans les loges de personnes considérées non dignes d'en faire partie.

On peut donc supposer que c'est pour combattre celle qui pouvait sembler par endroits une forme de dégénérescence du système tri-gradial, qu'apparurent, semble-t-il vers la moitié des années '30 ou au début des années '40, des systèmes comportant des degrés supplémentaires qui, sur le Continent, furent appelés d’une façon générale 'écossais'[ii] et qui constituaient une sorte de maçonnerie à deux vitesses. Il s'agissait, dans la plupart des cas, dans cette première phase, très souvent d'un degré supplémentaire unique[iii], donc d'un 4e degré unique dépendant d'un chapitre surplombant les loges symboliques et ayant une fonction directrice ou de contrôle[iv]. Certes, les dénominations et les thématiques de ces quatrièmes degrés pouvaient être différentes, si bien  qu’ensuite, l’imagination aidant, on a commencé à créer, à partir de cette base, des hiérarchies, des échelles, des rites, sans que, pour autant, en ce temps-là on connaisse la notion de 'hauts-grades' ou l'on ait la perception d'une discontinuité entre eux et le métier, comme c'est le cas actuellement.

Il est important de souligner cette idée de dégénérescence, car elle se retrouve souvent dans les rituels de ce type de grades, où elle est normalement référée au passé [v]; il s’agit d’une technique de présentation permettant de refléter dans le passé les problèmes du présent et donnant l’idée que l’histoire se répète dans ses aspects négatifs, mais aussi positifs[vi]. Les thèmes pour alimenter ce phénomène d'un quatrième degré ne manquaient pas : en partie, ils étaient liés à la thématique du 3e degré : punition des assassins, achèvement du temple, parole a retrouver; en partie, ils dérivaient –comme celui de la ‘chevalerie’- à la fois du discours de Ramsay de 1738[vii] qui accrédita la thèse de la liaison de la franc-maçonnerie avec les Croisades ainsi que d’une tendance générale de sympathie pour tout ce qui était chevaleresque et qui pouvait se rapprocher de la bataille pour un idéal[viii]. Dans ce contexte, n’oublions pas également l’importance assumée dans la période qui nous intéresse par les loges militaires[ix], compte tenu du caractère belliqueux de l’époque : qu'il suffise de rappeler que, depuis la fin du XVIIe siècle jusqu'à 1815, un conflit permanent opposa les intérêts français et les intérêts britanniques, conflit particulièrement virulent dans une première période notamment sur le plan colonial, et en particulier en Amérique du Nord, mais qui n’empêcha pas pour autant les commerces;  en outre, la France prit une part active, en opposition constante à la Grande Brétagne, aux guerres des années 40, 50 et 60 du XVIIIe siècle qui ensanglantèrent l'Allemagne, sorte d'épreuves préparatoires au tourbillon de la Grande Révolution et à l'épopée napoléonienne.  

Quand et comment apparut en France le grade de chevalier kadosch? Nous pouvons parler à cet égard d’une apparition en trois actes ou, si l’on préfère, de trois apparitions distinctes ; difficile de dire plus dans l’état actuel de la recherche. Mais ce qu’il faut souligner est que dans les trois apparitions l’élément rituélique commun est l'échelle mystérieuse[x]: la première apparition eut lieu à Poitiers en 1750 [le grade aurait donc environ 250 ans], la deuxième à Metz en 1761 et la troisième lors de l'arrivée en France du REAA, en 1804.  

Mais tout d'abord pourquoi cette appellation 'kadosch'?

Kadosch[xi] est une expression d'origine hébraïque[xii], dérivée de la racine QDŠ[xiii] commune à l'ensemble des langues sémitiques et qui est constamment appliquée à un contexte religieux actif et positif. Qâdoš signifie surtout être séparé (du profane), consacré, sanctifié, dédié, ordonné (prêtre, prince, roi, juge,...); c'est Dieu, lui-même Saint, qui consacre ceux qui de ce fait deviennent à leur tour qâdoš; ce qui permet de souligner à leur égard les idées de perfection et de spiritualité liées à l'action de Dieu et à la responsabilité de l'homme, en tant qu'entité active dans la continuation de la création[xiv].

Mais pourquoi nos frères érudits du XVIIIe siècle à l’esprit de piété, idéateurs de grades, de rituels et de l''histoire sacrée' maçonnique, ont-ils choisi de se référer au terme qâdoš pour ce grade ? A part la valeur numérologique de qâdoš[xv], il n’est pas exclu qu’ils aient été influencés par les traductions de la Bible courantes en France à ce moment-là où, par exemple, dans le Livre des Nombres on traduit qâdoš, qui veut dire saint, en le rapprochant du mot ‘élu’, comme dans le contexte suivant : «le Seigneur donnera à connaître qui est sien et fera approcher de soi celui qui est saint et celui qu'il a élu; et l'homme que le Seigneur aura élu sera saint».[xvi]

Le grade appelé 'kadosch' semble apparaître pour la première fois à Poitiers certainement en 1750, mais l'on peut présumer déjà quelques années auparavant,  dans le cadre d’un Chapitre désigné comme Ordre Sublime des Chevaliers Elus et comportant ce seul grade, celui de chevalier élu[xvii].

Le catéchisme comportant le mot 'kadosch'[xviii], ayant souligné la dégénérescence de la franc-maçonnerie après la période salomonienne et indiqué que le chevalier élu connaît l'échelle mystérieuse, prévoit la question et la demande suivantes: Question:'-comment se peut-il donc faire que l'ordre soit parvenu à nous dans toute sa pureté? Réponse:-plusieurs d'entre eux observateurs de la loi qu'ils s'étaient imposée à juste titre se séparèrent (il y a lieu de noter l'emploi du verbe 'séparer') et furent à juste titre appelés kadosch qui signifie saint.'

Par ailleurs, les chevaliers élus auraient été, d'après ces instructions, apparentés aux pharisiens[xix]  et aux esséniens[xx].

Le catéchisme précise que les chevaliers 'possédaient des biens immenses' et que 'Philippe le Bel fut l'auteur de leur ruine'. Ensuite, on précise que 'les frères qui ont conservé l'ordre se cachèrent dans les montagnes d'Ecosse où ils prirent le nom d'origine franc-maçons afin de mieux se cacher'; et l'on continue ainsi: 'l'Ordre admet aujourd'hui des frères qui ne sont pas catholiques, parce qu'en Ecosse et en Angleterre, plusieurs frères embrassèrent les nouvelles opinions'. Et 'c'est de l'Ecosse -précise le catéchisme- que l'élection est rentrée en France'. Cette déclaration sur les frères non catholiques fait penser que le rédacteur n'était pas français[xxi], ce qui pourrait être renforcé par la similitude entre la forme allemande 'Essäern' et 'Esséens' et non pas Esséniens, forme d'utilisation courante en France.

Il est clair que, dans cette première apparition, le thème de la destinée ruineuse des Templiers[xxii] dont descendent les chevaliers élus, est évoqué[xxiii] sans que pour autant on suggère l'idée d'une vengeance quelconque au détriment de la tiare et de la couronne mais simplement  -et dans une tradition reprise par le 3e degré des Anciens à Londres[xxiv]-  le châtiment du ou des meurtriers d'Hiram.

L'idée que les francs-maçons descendent des Templiers devait circuler déjà en France dans les années 40 du 18e siècle. En effet, Willermoz, créateur du RER, déclara en 1782 au Convent de Wilhelmsbad que lui-même, devenu président de la loge symbolique de Lyon qui l'avait reçu trente années auparavant (donc au début des années '50), au moment de conférer le 4e grade (à ce moment-là, les loges symboliques conféraient souvent elles-mêmes le 4e grade) apprenait mystérieusement à l'impétrant qu'il devenait successeur des chevaliers templiers et de leurs connaissances; et Willermoz soutint qu'il avait appris cela de son prédécesseur dans la charge, qui, lui-même, l'avait appris d'une ancienne tradition dont il ne connaissait pas l'origine[xxv].

A part la confluence des divagations anglaises et de la réceptivité continentale, cette tradition est en fait l’aboutissement dans les années 30 et 40 du XVIIIe siècle de toute une série de thématiques à fond mystérieux propagées dans les milieux religieux et mystiques, notamment liés aux Rose-Croix[xxvi] alors que, en même temps, étaient disponibles sur le marché maints ouvrages sur les ordres de Chevalerie[xxvii]. Les prémices de la référence aux Esséniens comme apparentés aux francs-maçons se retrouvent dans le texte 'Défense de la Maconnerie' publié en annexe des Constitutions d'Anderson de 1738[xxviii], où l'on fait des rapprochements audacieux avec les Esséniens ensemble avec les Egyptiens, les Pythagoriciens, les Cabalistes et les Druides[xxix]. Est de 1745 environ une curieuse pièce envoyée au prince Christian de Hesse pour l'éclairer sur la densité mystique du  rite suédois. Cette pièce rédigée en français, dont le titre est 'De la maçonnerie parmi les Chrétiens' débute ainsi: ‘Parmi les chrétiens on trouve Boetius et son père Symmachus nommé le vénérable et Ausonius. Après eux nous rencontrons une grande lacune dans la suite des Initiés, jusqu'à ce que nous retrouvons les mystères de l'Ordre dans ceux des Rosecroix modelés d'après ceux des Esséniens dont ils descendoient directement. On peut avec justice leurs atribuer la restitution de l'Ordre. Car les chanoines du St-Sépulcre qui étoient des Rosecroix fixés à Jérusalem adoptèrent ensuite les templiers dont l'institut s'accomodait au but de l'Ordre, c'étoit la sobriété, le secret, la pauvreté, la chasteté, l'amitié jusqu'à la mort, le secours mutuel et la défense de la Religion’. Et de poursuivre avec la triste histoire de Jacques de Molay enrichie de développement mystiques jusqu'au refuge trouvé en Ecosse par des Templiers dispersés. Le texte se termine par une référence aux mystérieux détenteurs des secrets de l'Ordre dont le domicile doit être caché aux profanes mêmes si parmi ceux-ci il y en aurait qui 'auroient entrevus quelques rayons de la lumière qui éclaire les vrais Francs-Maçons'[xxx].

C’est probablement sous l’influence de cette littérature que fut fondé par René François André, comte de la Tour-du-Pin La Charce, en 1750 le chapitre kadosch de Poitiers. Le comte de la Tour-du-Pin, nommé capitaine d'infanterie en 1730 fut, lors d'une première bataille, blessé d'un coup de feu et reçut le commandement du régiment de Bourbon Infanterie en 1740; lors d'une deuxième bataille, une terrible blessure lui fracassa les deux os de la jambe gauche, ce qui le rendit infirme et l'obligea à quitter l'armée en 1748 avec le brevet de brigadier des armées du Roi[xxxi]. En 1744, il avait figuré comme président d'une loge militaire établie dans le régiment de Bourbon Infanterie, ce régiment ayant été impliqué dans la guerre de succession d’Autriche qui se déroula de 1740 à 1748 et qui vit la France alliée de la Prusse contre l’Autriche et Londres[xxxii]. Il n'est donc pas exclu que cette thématique des francs-maçons descendants des Templiers ruinés par Philippe le Bel ne soit germée dans un milieu allemand et plus précisément en Hesse[xxxiii] d'où partit également le courant rosicrucien[xxxiv]. Car, si les français ont joué un rôle déterminant dans le développement des grades au delà du 3e, ils furent des créateurs moins souvent qu'on ne le pense[xxxv]. Mais, même si l'origine de la thématique templière était allemande, c'est en France que s'est réalisée la jonction avec l'élection kadosch[xxxvi].

Mais pourquoi cette thématique particulière des Templiers cherchant refuge en Ecosse et sortant de là, siècles après, comme francs-maçons' ? C'est de l'Ecosse -précise le catéchisme- que l'élection est rentrée en France'. Ne faudrait-il pas lier cela à la présence sur le sol français des exilés Stuarts prétendant aux trônes britanniques, la tendance chevaleresque correspondant certes à une aspiration généralement ressentie dans le monde maçonnique de l'époque[xxxvii], mais due aussi à l'influence de ces milieux d’exilés stuartistes, dits aussi jacobites ? Dans quelle mesure, ne pourrait-on pas penser que la sympathie pour les Croisades et les Templiers serait le reflet de leur désir de reconquête du pouvoir où derrière Jérusalem il faudrait lire Londres ? Et qu’à cet effet l’idée d’une liaison avec les Templiers devenus francs-maçons pouvait être séduisante dans la mesure où elle aurait pu aider la mise sur pied de conventicules françaises et allemandes favorables à leurs intérêts et célébrant des liaisons fumeuses entre les Templiers, l'Ecosse, la franc-maçonnerie et eux-mêmes en tant que maillons privilégiés de cette chaîne ? En particulier, l’idée même de vengeance au détriment de la tiare et de la couronne n’aurait-elle pas été à ce stade incongrue, car l’opération était liée à une restauration monarchique ? Mais que, par contre, le rappel du triste sort fait à Jacques de Molay, dont le meurtre d’Hiram serait en quelque sorte la préfiguration, pourrait constituer une référence à l’exécution de Charles Ier Stuart[xxxviii] en 1649 qu'Anderson lui-même définit un assassinat[xxxix] ? 

Il est difficile, en l'état actuel de la documentation disponible, de donner une réponse satisfaisante à toutes ces interrogations. Nous savons que le baron Karl-Gotthelf von Hund[xl], un des personnages clefs du développement des hauts grades sur le Continent et futur fondateur de la Stricte Observance Templière[xli], affirme avoir fréquenté la maçonnerie parisienne pendant neuf mois en 1743, dans les milieux stuartistes de Paris et d'avoir été reçu à ce moment-là à un grade 'templier'. Par ailleurs, l'existence de loges militaires auprès des régiments français opérant en Allemagne ainsi que les contacts que les prisonniers français ou les militaires français blessés pouvaient avoir avec les milieux allemands, expliqueraient cette 'collaboration' franco-allemande dans la création du grade qui nous intéresse. Certes, la superposition d'images anciennes aux projets politiques actuels des exilés stuartistes, cultivée dans des loges ad hoc, aurait peut-être permis la persistance d'un climat d'exaltation favorable à des futurs faits d'arme[xlii]. Il n'est donc pas exclu que, en dehors de la thématique strictement kadosch liée au concept de consécration et de purification et à l'influence rosicrucienne[xliii], une troisième composante de l'apparition de synthèse française soit représentée par la dimension stuartiste ou anti-hanovrienne. En tout cas, l'Ordre Sublime des Chevaliers Elus, première apparition kadosch, va disparaître dans les cinq ans qui suivent la bataille de Culloden (1746) où le duc de Cumberland détruisit l'armée stuartiste[xliv].  

Le grade kadosch apparut pour la deuxième fois en mars 1761, à l'orient de Metz dans la loge "Les Parfaits Amis", dans une décennie où le foisonnement de grades supérieurs au 3e avait désormais pris consistance. Ce grade fut présenté par le frère visiteur le lieutenant Jean Baptiste Dubarailh[xlv], officier venant d'être libéré de captivité, après avoir participé à la guerre des sept ans qui se déroula entre 1756 et 1763 sur le sol allemand et qui vit à nouveau s'affronter la France et la Grande Bretagne, mais dans le cadre d'une révolution diplomatique ou renversement des alliances, la France s'étant cette fois-ci alliée à l'Autriche et la Grande-Bretagne à la Prusse[xlvi]. Le frère Dubarailh affirmait se prévaloir de pouvoirs du Comte de Clermont et du substitut de Frédéric Roi de Prusse, pouvoirs qui apparemment ne furent jamais prouvés comme réellement existants.

La légende du grade dans cette deuxième apparition se trouve dans un manuscrit daté de juillet 1761 inclus dans le fonds Willermoz déposé à la bibliothèque de Lyon; le grade était appelé alors "dernier de la FM". Ce texte dicte: «dans les solitudes de Syrie, Scythie et Thébaïde s'installèrent les solitaires connus sous le nom de pères du désert qui furent appelés Kados, c'est à dire Saints; ceux-là étaient -précise toujours ce rituel- les descendants des superintendants élus par Salomon et qui, une fois le temple terminé, réputés pour leur charité furent appelés Kados, ce qui signifie séparés, car ils étaient séparés des autres hommes par leur sainte vie». Il n'est nullement question de vengeance dans ce rituel, mais on y parle d'une simple recherche de la vie spirituelle et de la progression vers le salut à la pure lumière de l'Evangile. Il se limite à dire, à la fin, qu'en 1118 fut créée devant le patriarche de Jérusalem la milice des pauvres chevaliers du Christ appelée communément l'Ordre du Temple; ce rituel avait en tant que tableau de loge, comme dans la première apparition, l'échelle mystérieuse des vertus et comportait comme emblème l'aigle à deux têtes qui était absente de la première apparition en 1750, ce qui fait supposer cette fois-ci, encore plus que dans le cas de la première apparition du grade, une origine allemande[xlvii].

Or le frère Dubarailh, en même temps qu'il présentait le rituel ci-dessus, communiquait des instructions à transmettre de bouche à oreille[xlviii] et qui ne devaient jamais être présentées par écrit, d'un grade secret appelé 'grand inspecteur, grand élu, chevalier Kadosch’ appelé normalement GJGE CH KS. Pourquoi cette appellation ? ‘Inspecteur’ implique l’idée de contemplateur de la réalité spirituelle intérieure[xlix], en allemand Hineinseher, et correspondant à une forme du verbe latin ‘in-spicio’[l] ; Grand Elu, ce serait probablement par opposition à un Petit Elu dont on n'a plus de trace directe; quant à ‘Chevalier’, c’est sans doute un rappel de la première apparition.

Ces instructions comportaient toute la partie relative à Jacques de Molay, Philippe le Bel et Clément V[li], le meurtre d'Hiram étant présenté comme la préfiguration du supplice de Jacques de Molay (d'où serait venue l’indication dans les rituels kadosch que "son nom fut autre et le même pourtant") ; le but était de présenter au Premier Concile à venir l’idée de faire restituer à l'Ordre du Temple les biens confisqués au XIVe siècle; si bien que l'Ordre des Hospitaliers de Jérusalem, qui avait obtenu ces biens confisqués, aurait dû les verser à la franc-maçonnerie considérée comme l'héritière légitime de l'Ordre du Temple[lii].

Les réactions à cette apparition de Metz ne se firent pas attendre. Dans le rapport que fait  Meusnier de Précourt[liii] au sujet de l'apparition du GJGE à Metz, on lit que le grade couvrait un projet insensé, ‘qui ne tombe pas sous les sens’, comme Meusnier s'exprime, ce qui veut dire que déjà en 1761 on ne faisait pas de distinction entre le rituel de base kadosch [qui pourrait être en fait une copie réalisée par Willermoz et où celui-ci aurait presque intégralement omis de recopier la partie relative aux Templiers[liv]] et les instructions secrètes. 

C'était ne pas tenir compte de l’incohérence et de l'enthousiasme maçonnique de l'époque car, avant cela, pendant la guerre des sept ans, Dubarailh avait déjà constitué Kadosch en Allemagne le parisien François Le Boucher de Lenoncourt, écuyer de son état, qui de son côté fit le nécessaire d'une façon fulgurante pour  diffuser le grade ‘kadosch’ au sein de la Grande Loge de France, celle-ci s'empressant à son tour de l'insérer comme sommet de son système dénommé 'Parfaite et Sublime Maçonnerie’[lv]. Ce franc-maçon parisien était par ailleurs très influent; en effet sa signature apparaît, à côté du substitut du comte de Clermont, en bas des célèbres lettres patentes qui permirent à Estienne Morin de diffuser aux Amériques les hauts-grades français.

Par ailleurs, voilà ce qu'écrivaient en cette année là les frères de Metz aux frères de Lyon[lvi], au sujet du 'kadosch': ‘tous les grades dont nous venons d'avoir le plaisir de nous entretenir avec vous sont subordonnés à ce dernier, ils y tendent tous, mais malheureusement ce dernier ne peut se transmettre par écrit sans quoi TC et très aimables frères soyez bien persuadés de notre zèle à vous le conférer, mais dans la supposition où il vous serait inconnu, notre correspondance nous fera rechercher avec avidité les occasions de voyage de quelques-uns de nos frères qui en sera revêtu et qui vous le conférera en passant chez vous: vous y verrez [et voilà la conclusion très suspecte] vous y verrez le principe, le fin et le but de notre ordre[lvii]. N’empêche qu’au printemps de l'année suivante, en 1762, Précourt faisait adopter par les frères messins une résolution condamnant ce grade et refusant la reconnaissance aux frères qui s'en diraient revêtus. Willermoz condamna ‘le grade kados dans lequel on s'occupe de cette chimère du rétablissement de l'Ordre du Temple’. Cela n'empêchera pas le même Willermoz en 1763 d'ajouter à ses autres titres, lors de la signature d'un document, GJGE, chevalier Kadosch[lviii].

Cette confusion  a permis au grade de vivre parfois sans les instructions secrètes. Par exemple dans un manuscrit de 1765: Question= Que devons-nous faire lorsque nous aurons le bonheur de tuer le traître, c'est-à-dire de nous éloigner du péché? Réponse= Il nous faut suivre le conseil du prophète Daniel qui dit "rachetez vos péchés par l'aumône".

Mais à partir de là, le grade eut une vie très contrastée[lix], car le programme de vengeance a dû se faufiler dans les rituels. Conscient du problème lié à ce grade, le baron de Tschoudy[lx] en 1765 attaquait les instructions secrètes, en ne faisant pas clairement la différence par rapport au grade kadosch proprement dit[lxi], si bien qu'en 1766, une circulaire des empereurs d'orient condamnait le grade (et les instructions secrètes  ensemble) comme faux, fanatiques, détestables, tant comme contraire aux principes et aux buts de la maçonnerie que comme contraires aux principes et aux devoirs d'état et de religion[lxii]. Quant à l'écuyer Le Boucher de Lenencourt, il fut rayé en 1769 du tableau des loges parisiennes par le substitut du comte de Clermont[lxiii], car follement ambitieux et faisant commerce de mystères maçonniques.

Le grade de chevalier Kadosch était mis ainsi au ban de la pratique française[lxiv]. Les empereurs d'orient condamnèrent derechef ce grade en 1780, il fut écarté du rite en 7 degrés du grand orient de France dit aussi rite français, il ne fut jamais pris en compte par le rite écossais philosophique et fut oublié par le rite écossais rectifié. A la fin du 18e siècle, en France, la perfection de la franc-maçonnerie était le Rose-Croix, grade du troisième temple, le temple tout à fait  spirituel de la nouvelle loi, après le premier temple, représenté par les grades salomoniques et le deuxième temple représenté par les grades chevaleresques. Le statut de grade terminal attribué au Rose-Croix correspondait d'ailleurs aussi à la pratique de beaucoup d'ateliers de hauts-grades depuis la condamnation du kadosch en 1766[lxv].

Toutes les accusations contre l'ordre maçonniques qui furent publiées pendant la Grande Révolution par plusieurs auteurs, notamment par l'abbé Lefranc[lxvi] et par le jésuite Barruel[lxvii] se basèrent d'ailleurs sur ce grade que les FM avaient déjà proscrit, mais qui vivait, dans leurs imaginations et dans celles d'un vaste secteur de l'opinion, au sein de mystérieuses arrière-loges kadosch[lxviii].  

Si la première et la deuxième apparition nous la devons surtout aux guerres, la troisième est liée aux commerces. En effet, la troisième apparition du grade en France est à reconduire à l’année 1804 avec l’arrivée dans notre pays de notre Rite, le REAA. Comment cela a pu se faire ? C’est qu’au début de 1762, Estienne Morin, commerçant et voyageur,  était parti aux Amériques avec les grades de l'Ordre du Royal Secret[lxix] dont le chavalier kadosch faisait partie à la 24e (pénultième) place; si bien que ce grade kadosch, très souvent sous le nom de chevalier de l'aigle blanc et noir, avait prospéré dans les colonies anglaises et françaises, tout à fait indifférent aux remous qu’il provoquait en France. Il fit donc par la suite incorporé dans notre Rite en tant que 30e, et réimporté en France, dans un contexte où il ne risquait plus d’ébranler les structures obédientielles, au début du XIXe siècle, par le Souverain Grand Commandeur, comte de Grasse-Tilly[lxx] qui l'avait lui-même reçu à Charleston.

N'empêche que sa vie devait rester encore raréfiée et difficile. Le Souverain Grand Commandeur, le prince Jean-Jacques de Cambacérès, décréta en 1806 que le grade ne pouvait être donné que par communication, ce qui fut confirmé en 1808, année où l'on comptait, aux hauts-grades gouvernés par le Suprême Conseil du REAA pour la France, 120 princes du royal secret, 32e, contre neuf titulaires kadosch, 30e, seulement[lxxi].

Les premiers aréopages ne furent admis qu'en 1821 et le ‘kadosch’ devint ainsi, dans la pratique française des hauts-grades, leur degré de base. Nous avons trace de la création en 1830 de deux aréopages "La Sincérité" au Camp de Besançon et "La Trinité" au Camp de Dunkerque. A partir de 1870, le tutoiement devint rituel. Il y avait en tout cinq Aréopages en province, lorsque fut créé en 1890 le premier aréopage parisien, "Lutetia".

Par la suite, le grade s'adapta aux circonstances. Les rituels qui le caractérisèrent en témoignent[lxxii]. Le tuileur dit de Lausanne de 1875 dicte, par exemple: « Question= Qu'as-tu foulé aux pieds? Réponse = Des couronnes royales et des tiares papales », tandis que, à la même date, un autre tuileur dictait: "Question:= Pourquoi es-tu Kadosch? Réponse= Pour combattre par tous les moyens et sans trêve ni repos toute injustice et toute oppression"[lxxiii]. Le grade, cependant, mena, somme toute, une vie tranquille au sein du REAA[lxxiv]. Et ce, bien sûr, avec des rituels fort différents, une étude de W.Oliemans[lxxv] d’il y a quelques années en ayant identifié jusqu’à 17. La ‘généalogie’ des rituels ‘kadosch’ exige néanmoins une recherche séparée et ce, sur l’ensemble des rites; car, à leur genèse et à leur développement, un nombre important de francs-maçons a participé; une telle recherche doit aussi tenir compte, d’une part, qu’une même dénomination peut couvrir des thématiques différentes, d’autre part, qu’une même thématique peut se retrouver sous différentes dénominations[lxxvi].



Notes

[i]Les ‘stuartistes’ furent appelés aussi ‘Jacobites’ puisqu’ils étaient tenants du roi exilé Stuart Jacques II (en latin : Jacobus) prétendant aux trônes britanniques, détenus par la Maison de Hanovre ; les Stuarts étaient originairement rois d’Ecosse. La recherche tend à penser (voir H.Amblaine, La Franc-Maçonnerie, l'Angleterre et les mythes, Acta Macionica, volume 9, p.370) qu’ils pourraient être à l'origine de la première vague maçonnique en France d'origine britannique qu'on pourrait faire remonter (bien avant l’événement londonien de 1717) à la fin du XVIIe siècle [qui fut représentée ensuite par Derwentwater, McLean et O'Heguerty], et qui se différencierait par rapport à la deuxième vague représentée par Desaguliers, Richmond et Custos (hanovrienne?), qui date des premières années ‘30 du XVIIIe siècle (voir A.Bernheim, La Stricte Observance, Acta Macionica, 8, p.69); cette différenciation expliquerait l’écart dans le contenu des ‘divulgations’ des rituels et catéchismes publiées en France [une partie de la littérature populaire anglo-saxonne considère cela comme acquis; voir: Baigent & Leigh, The Temple and the Lodge, Corgi Book, London 1989, p.239; mais même la recherche actuelle va dans cette direction; voir: A.Kervella, James Steuart, précurseur méconnu de l'Ecossisme en France, Renaissance Traditionnelle, 121, surtout pp. 50 et 51];cet aspect mérite néanmoins quelques recherches ultérieures: voir A.Bernheim, ibid., p.83, note 7. Le mouvement jacobite ou stuartiste fut important de 1688 (révolution anglaise qui détrôna Jacques II [roi d'Angleterre et d'Irlande et Jacques VII d'Ecosse, de 1685 à 1688], accueilli magnifiquement en France par Louis XIV) à 1746 (bataille de Culloden, près d’Inverness, où les stuartistes furent définitivement écrasés, après cinq tentatives de restauration dont au moins trois furent appuyées militairement par la France). Le mouvement fut surtout dynastique en Ecosse et au pays de Galles et surtout religieux (pro-catholique) en Irlande. Après Jacques II, les chefs du mouvement furent Jacques-Edouard (dit le Vieux prétendant, 1688-1766) et Charles-Edouard (dit le Nouveau prétendant, 1720-1788).

[ii] Rappel de l’origine écossaise des Stuarts? La littérature populaire anglo-saxonne tend à lier la création des hauts-grades anglais aux tenants des Stuarts; voir: Baigent & Leigh, The Temple and the Lodge, cit., p.242 [d'où, en reliant audacieusement la sombre histoire des templiers de Jacques de Molay à la sombre histoire des Stuarts, aboutirait-on à appeler grades 'templiers' une partie des hauts-grades créés en France?]

[iii] Ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié du siècle que commencent à paraître des constructeurs d'échelles de grades ou rites, les plus connus étant Estienne Morin (1717 [?]-1771), qui en tant que précurseur du REAA nous est particulièrement cher, le baron von Hund (1722-1776), qui fut à la base (en 1753?) de la Stricte Observance Templière, Carl Friedrich Eckleff (1723-1784), créateur du rite suédois entre 1756 et 1759, et beaucoup plus tard Willermoz (1730-1824), créateur du régime écossais rectifié (1778). Voir: A.Bernheim, Estienne Morin et l'Ordre du Royal Secret, Acta Macionica, Volume 9, p.11ss.

[iv] De même qu'aujourd'hui, dans le style Emulation, on peut être exalté 'royal arch' dans un chapitre portant cette désignation sans pour autant que cette situation soit considérée comme mettant en cause le système tri-gradial.  Ce n'étaient pas de véritables centrales, mais une sorte de loges mères ayant une juridiction limitée géographiquement, parfois à une seule ville, chacune essayant de construire un système sui generis ;  P.Lestienne, Une réponse au "courrier des lecteurs", Renaissance Traditionnelle, 114, p.155; A.Bernheim, Estienne Morin et l'Ordre du Royal Secret, cit., p.12.

[v] "peu à peu ils négligèrent leurs anciennes [loix], insensiblement ils oublièrent tous leurs devoirs, lorgueil et lavarice leurs servirent de guide et ils se contentèrent de conserver un exterieur austere et sous le masque de lhipocrisie ils se soutinrent tres longtems", on lit dans le catéchisme de Quimper, A.Kervella et P.Lestienne, Un haut-grade templier dans des milieux jacobites en 1750, Renaissance Traditionnelle, 112, p.260

[vi] Le texte du Coran, par exemple, présente ces caractéristiques

[vii] P.Mollier, Imaginaire chevaleresque et franc-maçonnerie au XVIIIe siècle, 99, pp.131-132

[viii]La fonction d'un centre d'union religieux et social tel que la franc-maçonnerie doit être appréciée dans le contexte des événements politiques de cette époque, et ce, surtout, si l'on veut comprendre l'histoire du grade de chevalier kadosch.

[ix] Des indications sont fournies par C.Guérillot, A la rencontre des premiers francs-maçons écossais, Paris, 1997, p.113 ss.

[x]Pour les liaisons entre l'échelle mystérieuse et les Ordres religieux, on pourrait peut-être suivre les développements indiqués par J.Tourniac, Les tracés de lumière, Dervy, Paris, 1987, p.21; voir aussi: D.Beresniak, Du temple de Salomon à l'échelle mystique, Pais, 1992, p.42; la recherche doit porter aussi sur la liaison entre l'échelle de Jacob  et les heures d'ouverture et de fermeture des travaux

[xi] Dans les rituels on trouve Kadosch avec sch, Kadosh avec sh, Kados, Katos ; C.Guérillot, La Rose Maçonnique, Tome 2, Paris, 1995, p.229

[xii] L'utilisation d'un mot hébreu comme qâdoš ainsi que d'ailleurs d'autres mots hébreux dans nos rituels est une constante à partir du XVIe siècle. Une des traces principales en est dans l'ouvrage de Tyard, le Second Curieux, publié à Paris en 1557 ; on y lit: ‘selon les mosaïques, suivis,par Platon, les noms sont substantiels, j'entends signifiant la substance de la chose nommée même en la sainte et adamique langue des Hébreux. Aussi Zoroastre et longtemps après lui Jamblique ont assuré (selon leur secrète magie) la conférence des hommes avec les anges, être faite en langue barbare, c'est-à-dire hébreux qui est autorisée de Dieu et en sa pureté elle sert de réceptacle à la vraie connaissance de la divine vérité’. Même chose chez  Champier, La Boderie, Du Bartas, etc., mentionnés in D.P.Walker, The Ancient Theology, Studies in Christian Platonism from the Fifteenth to the Eighteenth Century, Duckworth, 1972, pp. 98ss. Cela correspond à une tendance importante de la pensée antique tardive : "...l'empereur Julien (...) accordait (...) au judaïsme une forme de crédibilité parce que, contrairement au christianisme qui n'était qu'une religion récente, il s'enracinait dans un passé lointain et provenait du fond des temps et d'une région où les sages de la Chaldée avaient édifié une sagesse (à savoir: la théurgie) mémorable, profonde et supérieure à toute autre forme de sagesse." L.Couloubaritis, Histoire de la philosophie ancienne et médiévale, Grasset, Paris, 1998, p.22

[xiii]Voir un très riche exposé concernant tous les développements relatifs à la racine QDŠ dans Supplément au Dictionnaire de la Bible,  École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses, Paris, 1985,  Letouzey et Ané, T.dixième, fasc.54-59, pp.1346-1416

[xiv] S.Eched, L'hébraïsme réel ou déformé dans le REAA, L.La Fidélité, GLRB, Gand, 1993, ainsi que dans une lettre privée du 10 mars 2000; voir aussi: Delaulnaye, Thuileur des trente-trois degrés de l'écossisme, 1821, réédité en 1979 par les 'Editions d'aujoud'hui', p.220; M.Saint-Gall, Dictionnaire des Hébraïsmes, Demeter, Paris, 1988; C.Guérillot, Le Rite de Perfection, Trédaniel, Paris, 1993, p.461; C.Gagne, Note sur le sens biblique du terme 'kadosch', Ordo ab Chao, Suppt.30e degré au n°29, p.25. Quand on introduit  la notion de séparation à côté de celle de sainteté, c'est pour signaler non pas que la personne est mise en retrait, mais qu'on lui applique une distinction, de sorte qu'elle puisse mieux se consacrer et s'approcher de la Divinité. Dans une lettre privée, A.Bernheim me communique le 22 juin 2000 ceci: "le Dictionnaire des Hébraïsmes (Demeter, Paris 1988) de Michel Saint-Gall ... écrit sous l’entrée KADOSCH : « (koph, daleth, [vav], shin) : peut être traduit de nombreuses façons. Dans la Bible elle-même, le terme signifie le plus souvent : saint, sans souillure et de ce fait séparé (Ex. XIX-6), soit plus rarement l’opposé : impur, souillé (Deut. XXII-9). Toutes les langues anciennes contiennent de ces mots qui expriment en même temps une idée et son antithèse, la différence se faisant par le contexte ou par l’intonation. Les exemples abondent mais un seul suffira : le mot sacer en latin avec exactement les mêmes connotations et interprétations que le mot KADOSCH. Les légendes traditionnelles démontrent à l’évidence  que la première interprétation de KADOSCH, et elle seule, est à retenir en ce qui nous concerne.» Ce qui correspond bien au f° 13 du rituel de Quimper : «Les pharisiens degenerent de la regularité primitive de leur société, ils neurent dans la suite que des vertus exterieures et apparentes ainsi que Jesus Christ le leur reprochoit ; longtemps avant sa venue, quelques uns dentre eux reguliers conservateurs des loix et de la morale des premiers elus formerent une société particuliere et prirent le nom hebreu de kadoch qui signifie saint ou separé il est aussi designé par la lettre hebraique kal et sont connus sous Desseens »"

[xv] valeur numérologique de qdš = 510 = 5+10 =Esprit (divin), Spiritualité (HÉH) + la Perfection (YOD); ensemble YOD + HÉH = YAH = l'un des noms du Divin = les premières lettres du tétragramme YOD- HÉH -VAV- HÉH; 510 = aussi = 5+1+0 = 6, rappel que l'homme a été créé à la dernière minute du sixième jour et a reçu, dit la Bible, la responsabilité sur toute la création. YOD- HÉH -VAV- HÉH, en créant le SHABBAT se repose depuis lors et s'en repose sur nous, dit le 'Midrash’, pour la création continue (S.Eched, dans une communication privée du 10 mars 2000)

[xvi] Ce rapprochement des termes 'élu' et 'saint' pourrait avoir permis à nos frères érudits de privilégier qâdoš en tant que correspondant hébraïque de 'saint' ; en prenant par exemple haqâdoš [AT, Nombres, xvi, 5, 7], on remarque que la traduction oecuménique actuelle présente le texte sous la forme: «le Seigneur fera connaître qui est à lui, qui est saint et qui est admis à l'approcher». Par contre, dans « La Bible qui est toute la saincte écriture » de 1560, réimprimée et d'utilisation courante dans les deux siècles suivants, on dictait en outre, dans les commentaires, en permettant de rapprocher les notions de 'saint', de 'séparé' et d''élu' (c'est moi qui souligne): Genèse 2,3 "Et Dieu bénit le septième jour et il le sanctifia parce qu'en icelui il avait cessé de toute son oeuvre qu'il avait créée pour être faite - Commentaire: bénir et sanctifier se prennent ici pour une même chose; il sépara le septième jour des autres afin que les hommes en icelui s'occupassent à la considération de ses oeuvres". De même, Isaïe 4,3 "Et adviendra que celui qui sera resté en Sion et qui sera demeuré en Jérusalem on l'appellera saint - Commentaire: à savoir quand le Seigneur purge son église et sépare les agneaux d'avec les boucs"

[xvii]A.Kervella et P.Lestienne, Un haut-grade...,cit., p.229ss; le catéchisme correspondant a été découvert à Quimper

[xviii] Un autre catéchisme similaire –mais sans l'indication 'kadosch'- a été identifié à Poitiers, ibid., p.230

[xix] pharas = séparé

[xx] Schiffmann écrivait à ce sujet : « Bolingbroke war es, der zuerst das Christhentum in engem Zusammenhang mit den Essäern brachte. [...] Aus dieser Quelle hat denn auch von Nettelbladt geschöpft." [Ce fut Bolingbroke qui, le premier, a produit la connexion étroite entre le christianisme et les Esséniens. Von Nettelblad aussi a puisé à cette source] (Die Entstehung der Rittergrade in der Freimaurerei um die Mitte des XVIII. Jahrhunderts, 1882, p. 92 – Reprint en facsimilé Graz 1974). Il écrit dans le même ouvrage (pp. 170 et 172) que les Esséens apparaissent pour la 1ere fois dans la littérature maçonnique p. 221 de A Defence of Masonry (Anderson 1738, 216-226) [voir aussi : Les Constitutions d'Anderson - Textes de 1723 et 1738  (traduction Lamoine), Editions SNES, Toulouse, 1995] et réapparaissent dans De la Maçonnerie parmi les Chrétiens (Schiffmann 1882 : p.165) [indications fournies dans une lettre personnelle de A.Bernheim du 22 juin 2000]

[xxi] voir A.Bernheim, La Stricte Observance, Acta Macionica, 8, p.72

[xxii] voir: P.Mollier, L'histoire des templiers...telle qu'on la voyait aux XVIIe et XVIIIe siècles, Renaissance Traditionnelle, 120, p.283; A.Lantoine, Histoire de la franc-maçonnerie française - La franc-maçonnerie chez elle, Paris, 1925, p.131

[xxiii]Et discrètement revendiqué par l'indication que 632 ans se sont écoulés en 1750 depuis 1118, année de fondation de l'Ordre des Templiers ('de notre fraternité 632'), in: A.Kervella et P.Lestienne, Un haut-grade templier dans des milieux jacobites en 1750, Renaissance Traditionnelle, 112, p.264

[xxiv] Ainsi que par le Guide des Maçons Ecossais (Maître), Edimbourg, 58**, (1811?), pp.81-82; dans la cérémonie du rituel de Quimper, l'impétrant entrait en portant en sa main la tête du traître Abiram (l'un des noms des assassins d'Hiram) sur laquelle il donnait trois coups de poignard, in: A.Kervella et P.Lestienne, ibid., pp.256 et 259

[xxv] Voir A.Bernheim, La Stricte Observance, cit., p.72

[xxvi] Les textes rose-croix de 1614 et de 1615 devaient correspondre à des aspirations mystiques nées dans les milieux protestants en réaction contre la sclérose et le nouveau conformisme du luthéranisme officiel et des perspectives offertes par l'Hermétisme, source possible, depuis Giordano Bruno, d'un nouvel oecuménisme qui ne serait pour personne, catholique ou protestant, ni un reniement ni une défaite, voir: F.A.Yates, Giordano Bruno and the hermetic tradition, Chicago, pp.407-416

[xxvii] L'affinité entre la franc-maçonnerie et les fraternités de chevaliers guerriers est soulignée par Anderson, voir: Les Constitutions d'Anderson - Textes de 1723 et 1738  (traduction Lamoine), Editions SNES, Toulouse, 1995, pp.61 et 254; la liaison entre les rituels des hauts-grades chavaleresques et la littérature de l'époque sur les ordres de chavalerie est fournie par J.Leschelle et P.Mollier, Le manuscrit St-Domingue 1764 à la source du manuscrit Francken (III) - Le grade de GJGE ou Chevalier Kadosch, Renaissance Traditionnelle, 120,  p.234

[xxviii] en réponse au 'Masonry dissected:...' (le titre est très long) de S.Prichard, 3e édition de 1730, in: D.Knoop, G.P.Jones, D.Hamer, The early masonic catechisms, London, 1963

[xxix]Les Constitutions d'Anderson - Textes de 1723 et 1738  (traduction Lamoine), Editions SNES, Toulouse, 1995, pp.273-275. Est de 1744 la publication à Berlin d'une traduction 'massonique' en français de la 'Consolation'  de Boèce due au sieur Du Fresne de Francheville, conseiller aulique de Frédéric II de Prusse et membre de l'Académie des Belles Lettres de Berlin. A noter que Francheville était lui-même français, mais dans ce siècle, en Allemagne et en Europe en général, le français était d'utilisation courante dans les milieux littéraires et dans la bonne société; des textes étaient, par ailleurs, confectionnés et publiés directement en français par des auteurs allemands. Or, on fait comprendre dans cette traduction 'massonique' qu'il manque un chapitre à l'original de Boèce, car  on y trouve "plusieurs passages qui  semblent annoncer le dessein qu'il avoit d'en chercher les derniers motifs ailleurs que dans la Philosophie" in: A.Lantoine, Histoire de la franc-maçonnerie française - La franc-maçonnerie chez elle, Paris, 1925, p.133ss.

[xxx] Présentés avec un grand sens de l'humour, tous ces développements sont repris par: A.Lantoine, cit.,  pp. 131-145

[xxxi] A.Bernheim, La Stricte Observance, Acta Macionica, 8, p.82

[xxxii]L’épuisement financier conduit à la paix  d’ Aix-la-Chapelle d’octobre 1748 qui laissa pratiquement les choses en l’état sans, par ailleurs, résoudre aucun des conflits coloniaux qui opposaient la France à la Grande Bretagne 

[xxxiii]C.Guérillot, Le rite de perfection, Trédaniel, Paris, 1993, pp.376-379; voir également P.Naudon, Histoire, Rituels et Tuileur des Hauts Grades Maçonniques, Dervy, Pais, 1984, pp.53-54 et 98-104

[xxxiv] Arch, Notes de lecture, Renaissance Traditionnelle, 115-116,  p.308

[xxxv] A.Bernheim, Estienne Morin et l'Ordre du Royal Secret, Acta macionica, 9, p.11

[xxxvi] Pour tous ces développements, on a largement emprunté à: A.Bernheim, La Stricte Observance, Acta Macionica, 8, p.67 ss,  A.Bernheim, Estienne Morin..., cit., p.11 ss. où l'on retrouvera plusieurs considérations reprises dans le présent texte

[xxxvii]P.Mollier, Imaginaire chevaleresque et FM au XVIIIe siècle, Renaissance Traditionnelle, 99, p.128 ss. et 100, p.211 (où l'on rappelle les Constitutions d'Anderson de 1723: "...les Ordres de Chevalerie Militaire & Religieuse ont emprunté dans la suite des tems plusieurs usages ou pratiques solemnels de la vénérable Fraternité" [ultérieurement renforcé dans celles de 1738: Les Constitutions d'Anderson - Textes de 1723 et 1738  (traduction Lamoine), Editions SNES, Toulouse, 1995, pp.61, 254] ; le pamphlet de Dublin de 1724: "La...Loge...de Kilwinning il y a plus de 2000 ans, bien avant les Chevaliers de St Jean de Jérusalem ou les Chevaliers de Malte..."; le Ramsay de 1737: "Nos Ancêtres les Croisés...convinrent de plusieurs signes anciens & de mots symboliques...notre Ordre s'unit intimement avec les Chevaliers de St. Jean de Jérusalem. Dès lors nos Loges portèrent toutes le nom de Loges de St Jean..."; le témoignage de 1737 de l'avocat Barbier: "Nos seigneurs de la Cour ont inventé, tout naturellement, un Ordre appelé des Frimassons, à l'exemple de l'Angleterre...M.le Cardinal Fleury a cru devoir étouffer cet Ordre de chevalerie dans sa naissance..."; voir: A.Bernheim, La Stricte Observance, Acta Macionica, 8, pp.69 et 70; sur d'autres éventuelles (et non étayées de preuves) liaisons entre les templiers et la franc-maçonnerie, voir: Bulletin du Suprême Conseil de Belgique, 50, 1908, p.46

[xxxviii]Roi d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande de 1625 à 1649  

[xxxix] Dans les constitutions de 1738, voir: Les Constitutions d'Anderson - Textes de 1723 et 1738  (traduction Lamoine), Editions SNES, Toulouse, 1995, p.180

[xl]1722-1776, hobereau de Haute-Lusace, région placée aux frontières avec la Tchéquie, considéré à la base de la 'Stricte Observance' (voir A.Bernheim, La Stricte Observance, cit., p.74-77; id., That 'Strict Observance' Paper, Ars Quatuor Coronatorum, 110, pp.196-198)

[xli]R.Dachez, Le Convent de Wilhelmsbad, Renaissance Traditionnelle, 103-104, p.142

[xlii]A.Bernheim, La Stricte Observance, cit., p.69; A.Kervella et P.Lestienne, Un haut-grade templier dans des milieux jacobites en 1750, Renaissance Traditionnelle, 112, pp.246-247

[xliii] Renaissance Traditionnelle, Table Ronde, 118-119, pp.218-220

[xliv]A.Kervella et P.Lestienne, Un haut-grade templier..., cit.,, p.250; le sentimentalisme jacobite persista néanmoins longtemps dans les îles britanniques ('the king over the water')

[xlv] Dubarailh avait seulement 25 ans et avait été, pendant la guerre des Sept Ans (avec la Grande-Brétagne et la Prusse) lieutenant du  corps des chasseurs de Berchiny, corps auquel était attachée une loge militaire, et qui était commandé par Ladislas-Ignace de Berchiny, noble hongrois au service du roi de France s’étant distingué en Allemagne, notamment en Hesse, en 1757.

[xlvi]La guerre des sept ans (1756-63) ne fut pas favorable à la France qui perdit ses colonies américaines

[xlvii]22 avril 1762, Willermoz: les Kadosch connaissent des secrets qui viennent des Templiers apparus dans le nord en 1414 et qui ont donné origine aux rose-croix; 13 septembre, Meusnier de Précourt, confirme l'origine templière et l'intermédiaire rose-croix et dit: "heureux qui connaît la science cabalistique et des nombres. je ne sais pas si tu connais un maçon qui la connaisse; c'est un trésor; il peut te donner une intelligence très grande et d'une grande ampleur"; de longs développements in: P.Naudon, Histoire, Rituels et Tuileur des Hauts Grades Maçonniques, Dervy, Pais, 1984, pp.53-54 et 98-104; P.Mollier, L'Aigle à deux Têtes, Renaissance Traditionnelle,107-108, pp.176-180,  113, p.2

[xlviii]E.Gout, Splendeurs et misères du Chevalier Kadosch au temps de la Première Grande Loge de France, Ordo ab Chao, Suppt.30e degré au n°27, p.11

[xlix] ou de la 'lumière intérieure': comme le suggère W.Oliemans, Tractatus de gradu tricesimo, Bilthoven, 1971[obtenu auprès du Grand Orient des Pays-Bas, grâce à Jan Snoek]

[l] St. Bonaventure, Itinerarium mentis in Deum - Speculatio pauperis in deserto (Caput VII: Deexcessu mentali et mystico, in quo requies datur intellectui, affectu totaliter in Deum per excessum transeunte): "Trinitas superessentialis et superdeus et superoptime Christianorum inspector theosophiae"

-voir aussi : ‘inspector cordis’ dans Augustin  Serm.50,3 ;

[li] Jacques de Molay, exécuté en 1314; Philippe IV le Bel, roi de France de 1285 à 1314; Clément V, pape de 1305 à 1314

[lii]La légende templière sous une forme plus atténuée était cultivée également dans un Chapitre dit de Clermont créé à Berlin en 1760 par un officier français prisonnier de guerre -semble-t-il le marquis de Lernay-   qui de là influença toute une série chapitres créés en Allemagne par la Loge-Mère 'Aux Trois Globes'. [Pour toute cette partie, voir : P.Naudon, Histoire, Rituels et Tuileur...,  cit., pp.53-54 et 98-104]

[liii] Président d'une loge de Metz au cours des années 60 du XVIIIe siècle, négociant de son état

[liv]A.Bernheim, La Stricte Observance, Acta Macionica, 8, p.73; J.Léchelle et P.Mollier, Le manuscrit Saint-Domingue 1764 à la source du manuscrit Francken, Renaissance Traditionnelle, 120, pp.236

[lv]E.Gout, Splendeurs et misères du Chevalier Kadosch au temps de la Première Grande Loge de France, Ordo ab Chao, Suppt.30e degré au n°27; P.Mollier, Nouvelles  Lumières sur la Patente Morin, Renaissance Traditionnelle, 110-111, pp.128-130; id., L'aigle à deux têtes II, Renaissance Traditionnelle, 113, p.2

[lvi]Voir lettre rédigée dans le deuxième semestre 1763 par Brest de la Chaussée, Grand Garde des Sceaux à la Grande Loge de France, reportée par R.Désaguliers, La Grande Loge de Paris ditte de France, Renaissance Traditionnelle, 90, p.87 ; la correspondance entre les Loges de Metz et de Lyon où l'on illustre l'apparition de 1761 est publiée in Steel-Maret, Archives secrètes de la Franc-Maçonnerie, Collège métropolitain de France à Lyon, IIe province dite d'Auvergne, 1765-1852, Lyon, Librairie de la Préfecture, 1893, reportée par R.Amadou, Renaissance Traditionnelle, n°100, p.50; voir aussi : C.Gagne, Document, Ordo ab Chao, Suppt.30e degré au n°29, p.32; C.Guérillot, Genèse du Rite Ecossais Ancien & Accepté, Paris, 1993, p.128 ss.; dans le courrier de 1761, on trouve la première apparition en maçonnerie de l'"aigle d'or éployé portant une couronne de prince sur les deux têtes et tenant un poignard dans ses serres", P.Mollier, L'aigle à deux têtes I, Renaissance Traditionnelle, 107/108, p.176

[lvii]Ce fut dans les années 60 du 18e siècle qu'on commença à se poser le problème de trouver une solution pour enrayer le foisonnement des hauts grades [cercle intérieur ou maçonnerie à deux vitesses]. On lit dans les archives de Willermoz qu'en octobre 1760, pour remédier et prévenir toute innovation, seule la très puissante et grande loge écossaise et la souveraine loge des chevaliers de l'orient (en ce moment-là dernier grade et futur 17e) étaient désignées par les francs-maçons lyonnais pour décider à cet égard. Cette orientation était ratifiée en juillet 1761 par Chaillon de Jonville, substitut général du comte de Clermont, grand régisseur de la première grande loge de France. C'était sans tenir compte de l'individualité française car déjà au printemps de cette même année, à l'insu de la grande loge de France, des nouveaux grades étaient pratiqués tant à Metz qu'à Lyon et ce, au delà des chevaliers de l'orient,  càd à Lyon le 'chevalier du soleil' préfiguration de notre 28e degré et le 'chevalier de l'aigle et du pélican', préfiguration de notre 18e degré; quant à Metz, outre le degré de 'chevalier d'occident' d'origine suédoise (et qui allait rejoindre ultérieurement le chevalier d'orient dans le 17e degré), il fut créé déjà en 1761 le Conseil suprême des Chevaliers Kadosch investi, d'après eux, d'une autorité supérieure à celle de la Grande Loge. Il est probable que sous l'influence messine un Grand Conseil Kadosh soit devenu le cercle intérieur et dirigeant de la Grande Loge d France. En 1761 même, le Kadosh aurait été importé de Metz à Paris, où il aurait pris d'office place comme ‘Nec plus Ultra’ de l'art Royal et où son Conseil aurait constitué l'autorité centrale de la Première Grande Loge de France" [voir littérature à la note précédente]

[lviii]M.Piquet, Courrier des lecteurs, Renaissance Traditionnelle, 91-92, p.288

[lix]Jusqu'à la fin de 1765, tous les maçons distingués étaient devenus GJGE, mais à partir de là commencèrent les luttes pour s'emparer du collèges des officiers de la Grande Loge et ce, moyennant un jeu de surenchère permanente. Ainsi le frère Pirlet, maître tailleur rue d'Orléans St-Honoré, institua en 1762 la dignité de Grand Empereur d'orient et ses adversaires pour faire contrepoids réveillèrent le Souverain Conseil des Chevaliers de l'Orient de France. De son côté le baron de Tschoudy élabora un grade nouveau l'Ecossais de St André d'Ecosse. Le frère Pirlet revint à la charge en annexant l'Occident à son Empire et donna naissance en 1766 au Souverain Conseil des Empereurs d'Orient et d'Occident, sublime mère loge écossaise. De ce fait, la Grande Loge décida en 1763 et formalisa [sous l'implulsion de Tschoudy: C.Guerillot, La genèse du rite écossais ancien et accepté, Paris, p.91] en 1766 la décision de ne s'occuper désormais que des trois premiers grades au détriment des grades plus élevés : "ne croyés pas que ce soit l'ignorance sur ces grades qui nous inspire cette indifference nous en avons une immensité et nous avons reuni presque toutes les connoissances possibles.... notre unique but est de prevenir les schismes que ces grades causeroient infailliblement si on entreprenoit de soutenir la bonté des uns sur les debris des autres" (la Grande Loge elle-même se mettait en sommeil au cours de la même année 1766). Dix ans plus tard le Grand Orient va prendre une position analogue; R.Désaguliers, La grande Loge de Paris, ditte de France, et les "autres grades", Renaisssance Traditionnelle, 90, p.89; P.Mollier, Contribution au grade de chevalier du soleil, Renaissance Traditionnelle, 94-95, pp.82 et 83

[lx] Tschoudy (1727-1769), vénérable à Metz, qui est supposé avoir introduit ce qui sera en REAA le 29e grade

[lxi]Différence par rapport au grade kadosch proprement dit: "...Un Grade plus moderne, & qui malheureusement a gagné un crédit plus fort  & séduit un plus grand nombre de personnes de bonne foi, étayé de toutes les amorces de l'ambition et de la cupidité, vient encore de sortir récemment du sein de la Maçonnerie; c'est celui de G.J.G.E., ou Chevalier KADOS...", P.Mollier, Le Chevalier du Soleil, Renaissance Traditionnelle, 107-108, p.234

[lxii]P.Mollier, Contribution à l'étude du grade de chevalier du Soleil, Renaissance Traditionnelle, 1993, 94-95, p.82

[lxiii] Pierre, prince de Bourbon-Condé, comte de Clermont, abbé de St-Germain-des-Prés, 1709-1771

[lxiv]N'empêche que les doutes sur le grade subsistaient et quelques répercussions arrivèrent même en Amérique. En effet, Estienne Morin informa en 1769 les membres d'un consistoire tenu à Kingston en Jamaïque qu'une enquête était faite à Paris afin de savoir si les maçons qui s'étaient auto-appelés Chevaliers Kadosch n'étaient pas des chevaliers templiers [C.Guerillot, La genèse du rite écossais ancien et accepté, Paris, 199r, p.153] et que, à Berlin et à Paris on avait décidé d'adopter pour ce grade à l'avenir le nom de Chevalier de l'Aigle Blanc et Noir. En tout cas, une patente décernée en 1770 à St.Domingue par Estienne Morin ne mentionne plus que l'appellation 'chevalier de l'aigle blanc et noir' (voir, Bernheim, Estienne Morin et l'Ordre du Royal Secret, Acta Macionica, volume 9, p.29); et le manuscrit Francken de 1783 à la question= quel est ce nom? précise (les italiques sont les miens): Chevalier Kadoch, mais aujourd'hui de l'Aigle noir ; J.Léchelle et P.Mollier, Le manuscrit Saint-Domingue 1764 à la source du manuscrit Francken, Renaissance Traditionnelle, 120, pp.236  et 277

[lxv]P.Mollier, Le Grand Chapitre Général de France, Renaissance Traditionnelle, 106, p.84

[lxvi]tenant de St Jean Eudes [opposant aux jansénistes et fauteur de l'amélioration de l'enseignement religieux, 1601-1670] et victime des massacres de septembre 1792

[lxvii] 1741-1820

[lxviii]E.Gout, Splendeurs et misères du Chevalier Kadosch au temps de la Première Grande Loge de France, Ordo ab Chao, Suppt.30e degré au n°27, p.19

[lxix] appelé ultérieurement  rite de perfection. C'est qu'entre temps, en 1761, Estienne Morin, ayant quitté Paris pour les Amériques, ne parvint à St Domingue qu'en 1763, car il passa de Bordeaux aux Îles britanniques où il fit des recherches approfondies. Il avait quitté la France avec la patente et les grades de la sublime et parfaite Maçonnerie dont le kadosch était le summum, lui confiés par la grande Loge de France et le grand Conseil des Loges Régulières. En vertu de quoi, ce grade kadosch, très souvent sous le nom de chevalier de l'aigle blanc et noir, avait prospéré dans les colonies anglaises et françaises et fit donc incorporé d'abord par Morin dans l'Ordre du Royal Secret, dénommé ultérieurement, mais d'une façon indue et incorrecte, rite de perfection. Notre grade a donc occupé successivement : le dernier rang de la hiérarchie messine en 21 degrés avant d'occuper le vingt-quatrième rang dans l'ordre du royal secret qui comportait 25 degrés et, enfin le 30 grade dans le REAA  qui en comporte 33, voir Bernheim, Estienne Morin et l'Ordre du Royal Secret, cit. et http://www.srmason-sj.org/council/temple/booklet/START.HTM

[lxx] Comte Alexandre F.A. de Grasse-Tilly, 33e, 1765-1845, premier Souverain Grand Commandeur (déc. 1804 - août 1806) du Suprême Conseil pour la France

[lxxi] Encore en 1821, Delaulnaye s'exclamait: "..Ce n'est pas ici le lieu d'examiner si les Templiers furent innocens ou coupables. Mais que le Récipiendaire honnête réfléchisse sur ce qu'il voit, sur ce qu'on lui propose, sur ce qu'on exige de lui, sous le sceau d'un serment exécrable; il frémira sans doute à la seule pensée d'entrer dans une pareille association. Moi, rien que moi, tout à moi, tout pour moi, par tous moyens, telle est l'odieuse morale de celui qui ose prendre le titre de SAGE, du vrai Kadosch, de l'Illuminé; et l'on agite encore la question de savoir si les sociétés secrètes sont dangereuses?" (Delaulnaye, Thuileur des trente-trois degrés de l'écossisme, 1821, réédité en 1979 par les 'Editions d'aujourd'hui', p.219)

[lxxii]ibid: "on compte du Kadosch huit espèces différentes suivant que le but que l'on s'y propose est plus ou moins clairement exprimé"; Vuillaume, Manuel maçonnique ou Tuileur, 1820, réédité par les 'Editions du rocher' en 1990, p.204: "...est même très-varié dans ses rituels...le seul admis en France...est purement philosophique..."

[lxxiii] P.Naudon, Histoire, Rituels et Tuileur des Hauts Grades Maçonniques, Dervy, Pais, 1984, pp.357-358

[lxxiv]Un long commentaire sur les malheurs des Templiers et leurs rapports avec la Maçonnerie est contenu in Bulletin des Travaux du Suprême Conseil de Belgique, 50, Bruxelles, 1908

[lxxv]W.Oliemans, Tractatus de gradu tricesimo, Bilthoven, 1971[obtenu auprès du Grand Orient des Pays-Bas, grâce à Jan Snoek]; sur les différentes familles de rituels kadosch: J.Léchelle et P.Mollier, Le manuscrit Saint-Domingue 1764 à la source du manuscrit Francken, Renaissance Traditionnelle, 120, pp.235 et 236; voir aussi: C.Gagne, Documents sur le Trentième Degré, Ordo ab Chao, Suppt.30e degré au n°29, p.27; Grand Collège des Rites, 'Sources', Netoricol, novembre 1986

[lxxvi]certains rituels kadosch, par exemple, ne comportent pas de thématique ‘de Molay' ; par ailleurs, le 3e degré des ‘Anciens’ couvrait la thématique de la punition des assassins d’Hiram ; voir A.Bernheim, La Stricte Observance, Acta Macionica, 8, p.70. L'intitulé kadosch se trouve aussi dans les rites suivants: 65e grade Misraïm; 3e grade, 2e temple Ecossisme réformé de Saint-Martin; 2e grade Ordre du Christ; 31e grade Memphis; 2e grade, 7e classe, Grand consistoire de France; 13e grade Irlandais; 28e grade Primitif de Namur (D.Ligou, voix 'Rite' dans Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, 1987)



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