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ÉTUDES MAÇONNIQUES - MASONIC PAPERS

by W.Bro. ALAIN BERNHEIM 33°


Le Convent des Suprêmes Conseils du Rite Écossais Ancien et Accepté - Lausanne, 6-22 septembre 1875

 

Les Maçons Écossais en parlent souvent ou s’y réfèrent ; mais rares sont actuellement ceux qui en ont lu le compte-rendu et plus rares encore ceux qui ont analysé les travaux qui s’y déroulèrent ou les documents qui en furent le résultat. [1]

 

 

Pour faciliter la compréhension du présent article, on trouvera en annexes : (1) les dates importantes des événements antérieurs et postérieurs au Convent, (2) le programme de ses travaux, (3) la liste des délégués qui y prirent part, (4) le texte du Traité qui y fut conclu, (5) une note décrivant les circonstances ayant entouré la création des Suprêmes Conseils d’Irlande, d’Angleterre et d’Écosse.

 

 

Le 6 septembre 1875, Jules Besançon, Grand Commandeur du Suprême Conseil de Suisse, déclarait ouvert « le Convent Universel des Suprêmes Conseils du Rite Écossais Ancien Accepté, convoqué à l’Orient de Lausanne ». En qualifiant ce Convent d’Universel il faisait preuve d’optimisme. L’énumération des Suprêmes Conseils qui participèrent au Convent comparée avec la liste des Suprêmes Conseils reconnus, établie par ce même Convent, amène à constater que le mot était inapproprié. D’autre part, Besançon ignorait sans doute les désaccords qui opposaient entre eux certains Suprêmes Conseils, la France et la juridiction Sud des États-Unis, l’Angleterre et l’Écosse en raison des circonstances de leur fondation.

 

Rappelons les décisions majeures prises à Lausanne : modification des Constitutions de 1786, harmonisation des rituels nationaux différents par l’adoption d’un tuileur commun, signature d’un Traité d’union, d’alliance et de confédération comportant de nombreuses conséquences sur le plan international. Le texte de ce Traité, guère accessible,[2] est intégralement reproduit à l’Annexe 4. Son Appendice reconnaissait l’existence de vingt-deux Suprêmes Conseils. Or, sur les neuf [3] Suprêmes Conseils qui prirent ces décisions, en accompagnant chacune de la formule « Fait, stipulé et conclu entre nous le vingt-deux septembre », trois (Hongrie, Portugal et Pérou) l’étaient par procurations données au Suprême Conseil de Suisse. Telle m’apparaît l’une des raisons pour lesquelles ce Convent se solda par un échec.[4] On ne pouvait guère à six décider pour vingt-deux.

 

Aucun historien de langue française ne s’est attaché à décrire les vingt années de pourparlers qui avaient amené ce Convent à se réunir.[5] Peu se sont attachés à décrire les événements internationaux qui en furent la conséquence. Paul Naudon commit dans ce domaine plusieurs erreurs majeures, la moindre n’étant pas d’avoir répété que le Traité n’avait pas force de loi en conséquence de sa non ratification par les Suprêmes Conseils représentés à Lausanne, alors qu’aucun article ne renfermait une telle stipulation.[6]

 

L’étude publiée en 2004 dans nos Acta présente des lacunes similaires.[7] Elle est par ailleurs dépourvue de références, n’est suivie d’aucune bibliographie et comporte plusieurs erreurs.[8] Contrairement à ce que prétend son auteur,[9] rien n’indique que la convocation du Convent de Lausanne ait eu un rapport quelconque avec le Traité d’Union, d’Alliance et de Confédération Maçonnique,[10] conclu à Paris le 23 [11] février 1834 entre les Suprêmes Conseils de France, du Brésil et de l’Hémisphère Occidental (dont le siège était à New York), traité auquel le Suprême Conseil du 33e degré, séant à Bruxelles, accédera un an plus tard, le 5 mars 1835.

 

C’est le Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis qui donna l’impulsion finale à la convocation du Convent de Lausanne. Or voici quelle était alors l’opinion de son Grand Commandeur, Albert Pike,[12] à propos du Traité de 1834 :

The Treaty of 1834 is no doubt valid as the Act of the Supreme Councils of France and Belgium. The other parties were the so-called and spurious United Supreme Council for the Western Hemisphere, of Hicks and St. Laurent, at New York, and one created by it in Brazil, and equally illegitimate. Both are long since dead.[13]

 

Pourquoi un Convent à Lausanne en 1875 ?

 

L’idée du Suprême Conseil d’Angleterre plaît aux Américains

La première idée de convoquer une conférence réunissant les Suprêmes Conseils existants, au cours de laquelle ils contracteraient une alliance mutuelle, provient d’une lettre adressée en janvier 1856 par le Suprême Conseil pour l’Angleterre à la Juridiction Nord des États-Unis.[14] Claude Samory [15] en fit état le 15 février 1857 devant la Juridiction Sud exceptionnellement réunie à La Nouvelle-Orléans [16] :

[Claude Samory] offered the following preamble and resolutions, which were unanimously adopted :

whereas, The members of this Supreme Council consider the suggestion of Ill\ Bro\ Chas W. Vigne,[17] Sec\ Gen\ H\ E\ of the Supreme Council for England and Wales, as contained in his letter of 21st January, 1856, V\ E\, to Ill\ Brother Charles W. Moore, respecting a General Grand Conference of all the existing Supreme Councils, as highly important and necessary for the welfare of the Order, and as the best means of uniting same Bodies into an alliance which would produce harmony and a better understanding.

Resolved, That the suggestion of a General Grand Conference be respectfully submitted to the Supreme Council at Charleston. [18]

 

L’idée plut à Albert Pike, devenu Grand Commandeur de la Juridiction Sud au début de janvier 1859. Quelques semaines plus tard, il écrivait à son Secrétaire Général :

Dear Mackey,

I have an idea of preparing a letter, to be addressed in the proper languages, to all the Supreme Councils of the Scottish Rite, and all the European Powers in correspondence with these Supreme Councils, inviting a regular correspondence and system of representation ; also proposing a Congress of the Sup. Councils and other Bodies, if any, administering our Anc. & Acceptd Rite, for the purpose of modifying, if need be, the Ancient Constitutions, &c., of settling a uniform series of Rituals, and making the Rite one consistent whole, developing morals, the chivalric qualities, and the loftiest philosophy in the degrees, ending with the 32d, &c. &c.

Also urging a Convention, at the same time, of all the Grand Bodies in Europe and of our Rite in America, to effect a Treaty of Union and of mutual interchange of courtesies and correspondence.

I hope that the Congress of the Powers of our Rite, at least, is practicable. The reasons for desiring it are many and obvious. At any rate, I mean to draft the letter, and to assert our claims, as the first and oldest Council in the world, with unbroken succession from its origin, to be protected against charlatans and impostors in our own Jurisdiction, and to be recognized by all the other Masonic Powers in the world.[19]

Le 28 mars, la Juridiction Sud approuvait l’idée de son Grand Commandeur.

 

Le 27 décembre 1859, Pike envoya une lettre circulaire, rédigée sur deux colonnes en français et en anglais, à douze Suprêmes Conseils ainsi qu’à « tout autre Suprême Conseil légal des Souverains Grands-Inspecteurs Généraux du 33ème Degré du Rite sus-dit, s’il y en a, et à tout autre Orient du monde, justement et légalement établi et travaillant » pour les inviter à envoyer chacun deux délégués à un Convent qui se réunirait à Londres le premier lundi de juillet 1861.[20] Et au cours de son allocution devant la Juridiction Sud réunie à Washington (D. C.) le 29 mars 1860, il déclara :

In obedience to the direction of the Council at its Session in March last, I prepared a circular letter in French and English, addressed to the several Supreme Councils and other Grand Governing Masonic Bodies of the world, inviting a general system of Representation and Correspondence, and proposing a Convention of all the Supreme Councils, to be held at London, on the 1st Monday of July, 1861, for the purposes set forth in the letter.[21]

Contrairement à ce que suggère John Mandleberg,[22] le Grand Commandeur du Suprême Conseil d’Angleterre, Henry Beaumont Leeson, se déclara favorable à ce projet et écrivit à Pike :

We shall most cordially respond to and support your project of a Congress of all the Supreme Councils, in July, 1861. Indeed, we have ourselves been already working in the same direction.[23]

Mais Leeson ajoutait :

It has been my privilege to collect and preserve the disjecta membra of the Ancient Rite scattered in this and other countries, all of which attest the ancient Christian basis of the Order. On that basis alone could our Council consent to join in any revision of the Rituals, [...] It is no mission of Masonry to introduce a new religious Pantheism, nor yet to supersede or intrude on the holier and higher aspirations after God, which belong to that inner Sanctuary where man must individually commune with his Creator and settle the responsibilities of conscience.

Le 2 avril 1861, après avoir lu à son Suprême Conseil des passages de cette lettre, Pike déclara :

I quote these sentences to show the necessity for a General Congress of the Supreme Councils, in order to settle, if not the formulas and language of the Ceremonial and Ritual, at least the general and fundamental principles of the Rite. I do not agree with Ill\ Bro Leeson, that the ancient basis of the Order was a Christian one. If that were so, Prussian Masonry would have been right in excluding Jews from admission to its Lodges. If it were so, it would be a fraud to claim that Masonry is universal. In that case how could there be Lodges of Hebrews and Mohammedans ?

And in regard to the Ancient and Accepted Rite, if it had a Christian basis, how did it chance that most of those who had possession of it in this country from 1763 to 1800 were Hebrews ? I think that perhaps the Rose Croix was originally a Christian degree, though even that is doubtful.[24]

 

La Guerre de Sécession ou Civil War (1861-1865) stoppa ces premières initiatives.[25] Dès qu’elle fut terminée et qu’en novembre 1865 la Juridiction Sud put se réunir pour la première fois depuis trois ans, Pike évoqua son ancien projet :

Even if war had not broken out, the Convention would not have been held, only a few Bodies having acted on the proposition. I still hope the day may come when such an Assembly of Delegates will meet to deliberate upon the interests of the Rite ; [...] I hardly think it advisable to move in the matter now ; but I hope that, three years from this time, we may be able to do so with success.[26]

Son idée fut reprise par la Juridiction Nord au mois de juin 1868 :

... a general congress of all the regular bodies of the Ancient Accepted Rite has been twice proposed for this purpose, to meet in London or Paris. The desire for such an union is evidently on the increase, and until then we cannot reasonably expect to make the much-needed reforms, settle the many disputed questions, and absorb or legalize the spurious bodies.[27]

L’erreur capitale du Général Mellinet

Quelques mois plus tard le Général Mellinet, Grand Maître du Grand Orient de France, décrétait que le Grand Orient reconnaissait à nouveau le Suprême Conseil de Louisiane.[28] Cette décision d’apparence anodine amena, dans les relations du Grand Orient de France avec les Suprêmes Conseils du monde un tournant dont l’importance ne peut être comparée qu’avec celle de l’assemblée générale de ce même Grand Orient de France en septembre 1877, dont le vote scellera à long terme son isolation avec la majorité des Grandes Loges étrangères.

 

En conséquence de ce décret intempestif, les deux Juridictions américaines décidaient en 1870 de rompre leurs relations avec le Grand Orient de France et son Suprême Conseil et de reconnaître le Suprême Conseil de France [29] avec lequel elles n’entretenaient aucune relation « depuis son réveil en 1821 », comme l’avait souligné Pike dix ans plus tôt  :

With the Grand Orient of France and the Supreme Council in its bosom, we maintain amicable relations. Our Ill\ Bro\ the Secretary-General has been duly accredited the Representative of the Grand Orient near this Supreme Council ; and we have in return commissioned the Ill\ Bro\ J. Beugnot to be our Representative near that very Ill\ Body. [...] Our correspondence with the Grand Orient has long existed and been uninterrupted by anything save negligence ; but with the Supreme Council for France we have had, at least since its revival in 1821, no correspondence. In 1834 it, with the Supreme Councils of Brazil and Belgium, made a Treaty of Alliance at Paris with a Body established at New York, and calling itself “The United Council for the Western Hemisphere,” the successor of the spurious Body, also claiming to be a Supreme Council, established there several years before by the notorious Joseph Cerneau. Of this Body, which thus assumed to be the peer of the Supreme Councils of Belgium, France and Brazil, Elias Hicks was the presiding officer. It soon went quietly out of existence as an active and efficient Power ; but a member of the Supreme Council of France still continued to represent it, and to respond for it at the Feasts of the Order.[30]

 

Le 24 août 1871, Pike adressa à nouveau une lettre circulaire à neuf Suprêmes Conseils [31] :

We are also convinced that the time has now come when the Supreme Councils of the Great Jurisdictions of the two Hemispheres should take counsel together and agree upon rules in regard to the creation of new Supreme Councils ; [...] The Sovereign Grand Commander of the Supreme Council for the Southern Jurisdiction of the United States, will submit to that Body, (which governs the Rite in twenty-two States and all the Territories of the United States,) at its approaching session in May next, and recommend for its adoption, the following articles of agreement between itself and such of the Great Supreme Councils of the World as shall accede thereto, subject to such modifications as may be agreed upon between them ; […] [32]

Une seconde circulaire suivit, le 16 décembre 1872 :

[...] and we do therefore propose to our sister Councils that they consider the propriety of accepting our invitation to meet by such number of Delegates as each may see fit to select, in Congress of the Supreme Councils, at the city of Washington, on the second Monday of May 1874.[33]

Ni Washington, ni Bruxelles... ce sera Lausanne

En 1873, le Suprême Conseil de France écrivit au Grand Commandeur Pike pour lui faire part de ses réserves : si la réunion se tenait aux États-Unis à Washington, peu de Suprêmes Conseils européens pourraient y assister, et il suggéra Bruxelles. Pike accepta l’idée, mais l’honneur fut décliné par le Suprême Conseil de Belgique, comme le lui annonça le Suprême Conseil de France à la fin de l’année. [34]

 

Pourquoi le Suprême Conseil de Belgique ne tenait-il pas à voir la Conférence projetée être tenue à Bruxelles ? L’explication se trouve dans une lettre que son Grand Chancelier-Général, Léopold Riche, adressa à Pike [35] et dans le livre de Fernand Clément :

[...] la Commission administrative crut devoir décliner l’honneur qui était ainsi fait à la Belgique. Elle craignait en effet que « la différence des principes que nous professons avec ceux que soutient le Grand Orient de Belgique, le dualisme qui existe entre les deux autorités » ne soient « de nature à nous attirer des difficultés qu’il faut tâcher d’éviter ».

[Le T\ Ill\ F\ Pappaert, Grand Orateur du Suprême Conseil déclara :] « Aux yeux des divers Sup\ Cons\, nous sommes une puissance dogmatique et administrative, et le dualisme qui existe en Belgique serait difficilement compris. Il est certain que le premier acte du Congrès serait de proclamer, comme base de ses résolutions, les principes fondamentaux de la Maçonn\ écossaise : adoration du Gr\ Arch\ de l’Univers, philosophie, morale, bienveillance envers les hommes. [...] Nous avons peu d’action sur les LL\, pour les obliger au respect de nos statuts et Règlements généraux. En raison des décisions qui pourraient être prises, nous serions conduits à user de moins de tolérance que maintenant par suite du cumul des Rites autorisé par notre Règlement actuel. »[36]

 

Le 7 mai 1874, le Grand Commandeur Pike lut un Draft of Articles of Confederation between the several Supreme Councils aux membres de son Suprême Conseil.[37] Le Secrétaire-Général Mackey leur en adressa le texte le 15 décembre en leur demandant de voter avant le 1er mars 1875 sur chaque article, sur la question de savoir si la Juridiction Sud devrait être représentée à Lausanne et si ils habilitaient le Grand Commandeur à nommer des délégués à cet effet.[38] Les réponses furent unanimement positives. [39]

 

Trois semaines plus tard, le Grand Commandeur du Suprême Conseil de France, Adolphe Crémieux, pouvait écrire au Grand Commandeur Pike :

[...] after having consulted with many Sup\ Councils that have promised their adhesion, we announce to you that the assembling of the Congress is fixed for the first Monday of September, 1875, at the Orient of Lausanne, Switzerland. In that country, which has always been the asylum of liberties, civil, political and religious, hospitality is fraternally offered us by the new Supreme Council of Switzerland, created some years since by the Supreme Council of France, and whose existence has already been recognized by America and England.[40]

Crémieux invitait le même jour le Suprême Conseil d’Angleterre qui lui répondit favorablement le 28 juillet en annonçant

that a List of the various subjects which appear to us to require consideration will be forwarded to you in a short time.[41]

Le short time dura huit mois : le 24 mars 1875, le Suprême Conseil d’Angleterre approuvait un Memorandum of suggested heads of discussion for Lausanne with the views of Supreme Council on some of them, signé par son Grand Commandeur, Lord Carnavon.[42]

 

Les propositions de la Juridiction Sud et celles du Suprême Conseil d’Angleterre parvinrent au Suprême Conseil de France qui les prit en considération ensemble avec celles qui avaient été soumises par le Suprême Conseil du Pérou. Dans sa séance du 7 juillet 1875, le Suprême Conseil de France adopta à l’unanimité un texte en quatre parties :

1. [2. & 3.] Observations sur le travail du Supr\ Cons\ pour la Juridiction Sud des États-Unis d’Amérique ; du Supr\ Cons\ pour l’Angleterre et le Pays de Galles ; du Supr\ Cons\ du Pérou ; 4. Observations du Supr\ Cons\ de France sur les Constitutions de 1786 et réformes qu’il croit devoir soumettre au Convent.

Ce document fut adressé à Pike qui l’annota avec de nombreux commentaires et le publia dans l’Official Bulletin [43] précédé de la note suivante :

Were received in due time, the decisions of the Sup\ Council of France, on these and other propositions, and its own propositions, which are here appended, with the notes thereon, added by the Sov\ Gr\ Commander of the Supreme Council for  the Southern Jurisdiction, for the guidance of Ill\ Bro\ Shaw, its Delegate.[44]

 

Il ne fut plus question d’inviter le Suprême Conseil du Grand Orient de France, comme cela avait été le cas en décembre 1859.[45]

La question des Îles Sandwich (Hawaï)

Un élément supplémentaire de confusion et de discorde survint alors. Le Suprême Conseil de France ayant appris par un journal maçonnique canadien daté du 12 mars 1875 que la Juridiction Sud avait créé une loge de Perfection et un Chapitre du 18° à Honolulu l’année précédente,[46] son Chancelier Maurice Guiffrey envoya le 16 juin une lettre au Grand Commandeur Pike. Il l’informait que le Suprême Conseil de France avait créé en 1843 à Honolulu Le Progrès de l’Océanie [47], loge dont feu le roi Kamehameha IV, 30°, avait été le Vénérable Maître, lui faisait part de sa surprise en apprenant la création des deux ateliers américains et terminait en lui demandant si la nouvelle était vraie.

 

Pike répondit aimablement le 2 juillet à Guiffrey par un cours de géographie politique, de latin et de droit maçonnique, en lui faisant remarquer, citation des Grandes Constitutions Latines à l’appui, que les îles Sandwich constituaient un royaume indépendant,[48] qu’elles n’appartenaient donc pas aux Dependencies de la France, qu’il ne voyait pas pourquoi la création d’une loge symbolique par une puissance maçonnique empêcherait une autre puissance maçonnique de créer trente-deux ans plus tard et au même endroit une Loge de Perfection et, à plus forte raison, l’obligerait à en informer la première. Il annonçait néanmoins à Guiffrey la création récente d’un Conseil de Kadosch à Honolulu [49] en exprimant l’espoir que le Rite continuerait d’y fleurir.

 

Guiffrey se risqua à vouloir discuter la compétence de Pike sur le point de savoir si le mot Dependencies devait être compris comme exprimant l’étendue des territoires placés sous l’autorité d’un pouvoir national civil ou comme celle des établissements maçonniques d’un Suprême Conseil. Il reçut en retour, daté du 16 août, un exposé magistral de six pages, illustré de précédents multiples dont le plus ancien remontait à un siècle en arrière. La lettre de Pike concluait en exprimant l’espoir que le bon sens et le sain jugement du Chancelier français l’amèneraient à constater qu’il avait commis une erreur regrettable.[50]

 

Le Convent s’ouvrit trois semaines plus tard au Temple de la Cité à Lausanne.

 


 

[1]           Fivé 1969, p. 20.

[2]           Mises à part sa reproduction dans le Compte-Rendu des Travaux du Convent des Suprêmes Conseils du Rite Écossais ancien et Accepté réunis à Lausanne (Suisse) en septembre 1875 (ci-après CR 1875), sa publication par le Suprême Conseil de Suisse en 1876, et sa reproduction dans un ouvrage de 1886 signalé dans la Bibliographie, il me semble que le texte intégral du Traité n’a été publié en français que dans Lantoine 1930, pp. 271-282.

[3]           Onze Suprêmes Conseils étaient présents ou représentés à la seconde séance du Convent. Mais le départ, avant la 3ème séance, du délégué écossais qui représentait la Grèce eut pour résultat de réduire à neuf les signataires des différents textes adoptés, tous datés du 22 septembre. Encore que la liste des délégués (Annexe 3) permette de constater que les deux délégués italiens avaient quitté Lausanne avant le 20 septembre.

[4]            C’est le mot qu’employait le Lieutenant Grand Commandeur du Suprême Conseil de Belgique en 1969 (Fivé 1969, p. 17). Cette constatation avait déjà été faite par le Grand Commandeur Goblet d’Alviella dans le message qu’il adressa en 1903 aux Suprêmes Conseils de la Correspondance du Suprême Conseil de Belgique : « La Confédération de Lausanne ... a échoué... » (Compte-Rendu de la Conférence Internationale des Suprêmes Conseils… tenue à Bruxelles du 10 au 15 juin 1907, p. 2). On sait que c’est grâce à ses efforts qu’une Conférence réunissant vingt Suprêmes Conseils put se tenir à Bruxelles en juin 1907.

[5]           Les mots de Lantoine « Le Suprême Conseil de Suisse prit l’initiative en 1875 de [...] convoquer [les Suprêmes Conseils] en un Convent à Lausanne » (Lantoine 1925, p. 351) laisseraient croire qu’il s’agissait d’une démarche isolée.

[6]           La ratification prévue à l’art. 22 du traité était destinée « à tous les Supr\ Cons\ réguliers non représentés au Convent de Lausanne (1875) à l’effet d’obtenir leur adhésion et ratification » et non aux Suprêmes Conseils signataires du traité. Or, de la première réédition de son livre en 1972 à celle de 1984, Naudon répéta « Quant au Traité d’Alliance et de Confédération, il faut reconnaître qu’en l’absence d’une ratification par l’ensemble des Suprêmes Conseils, même de ceux qui participèrent à la Conférence de Lausanne [c’est moi qui souligne], il ne peut être juridiquement considéré comme ayant force de loi pour régir la Confédération ». J’avais signalé l’erreur de Naudon, que répète Jean-Paul Minsier (Minsier 2004, p. 87), il y a vingt ans (Bernheim 1985, p. 21).

[7]           Jean-Paul Minsier. ‘Le Convent de Lausanne (1875) dans l’histoire du Rite Écossais Ancien et Accepté’. Acta Macionica, volume 14 (6004), pp. 75-96.

[8]           En voici trois : l’auteur cite parmi les participants au Convent le Suprême Conseil d’Irlande, ce qui est faux ; il indique que le Suprême Conseil de Suisse fut constitué le 30 novembre 1873 au lieu du 30 mars 1873 (Minsier 2004, pp. 76 & 77) ; « La Grande Loge Unie d’Angleterre, s’appelant “Premier Grand Lodge of the World”… » (Minsier 2004, p. 91) constitue une affirmation qui se passe de commentaire.

[9]            Minsier affirme que « plusieurs Suprêmes Conseils estimèrent que le temps était venu de réactualiser le Traité d’Union, d’Alliance et de Confédération de 1834 » (Minsier 2004, p. 76) — ce qui me semble relever de l’imagination — et il n’hésite pas à écrire : « la Deuxième [commission créée à Lausanne était] chargée d’étudier les modifications à apporter aux Constitutions, Statuts et au Traité d’Alliance de 1834 » (Minsier 2004, p. 77). Je souligne ces deux derniers mots qui ne se trouvent pas dans le Compte-Rendu de Lausanne (voir CR 1875, p. 7) et ont été ajoutés par Jean-Pierre Minsier. La deuxième commission était chargée des modifications à apporter au projet (Draft of “Articles of Confederation…”) que le Grand Commandeur Pike avait soumis le 7 mai 1874 à sa juridiction, qui devait l’approuver à l’unanimité, et des suggestions ou critiques relatives à ce projet, émises par les Suprêmes Conseils pour l’Angleterre et pour la France. Lorsque cette commission présenta ses deux rapports, le CR 1875 indique qu’elle était « chargée de l’examen et de la révision des Grandes Constitutions de 1786 » (p. 16) et, le 16 septembre, « La discussion est ouverte sur le Projet de Traité d’Alliance préparé par la 2ème Commission » (p. 28).

[10]          Traité d’Union, d’Alliance, et de Confédération Maçonnique. 68 pp. Paris, J.-A. Boudon, 5836. Les ouvrages maçonniques indiquent rarement que le Directoire Suprême Helvétique Romand (DSHR), constitué à Lausanne le 7 février 1811, accéda à ce traité le 28 juin 1847 après être entré « en correspondance fraternelle » avec le Suprême Conseil de France deux ans plus tôt (Jomini, p. 54). Cette correspondance fraternelle durait encore en 1871, lorsque le Suprême Conseil de France adressa le 20 juin ses rituels des trois grades symboliques au DSHR pour que celui-ci les remette aux loges symboliques qu’il allait créer après que les FF\ faisant partie des hauts grades aient été exclus par décret de la Grande Loge Suisse Alpina le 5 juin précédent (Jomini, p. 60). Tout s’arrangea quelques années plus tard : le 22 juin 1873, le DSHR accédait « au Suprême Conseil du 33e degré pour la Suisse et dépos(ait) entre ses mains à perpétuité tous les pouvoirs qu'il exerçait sur les Loges et sur les SS. Chapitres de son obédience » et le 29 octobre 1876, un Traité était conclu entre le Suprême Conseil de Suisse et la Grande Loge Suisse Alpina, une copie du décret d’exclusion de 1871 étant alors concrètement jeté aux flammes (La Vérité, Janvier 1877, p. 25).

[11]          Et non le 24 (Minsier 2004, p. 75).

[12]          Albert Pike (1809-1891), élevé à la maîtrise au mois d’août 1850 à Little Rock (Arkansas). Les grades 4°-32° du Rite lui avaient été conférés le 20 mars 1853 à Charleston par Mackey et le 33°, le 25 avril 1857, à la Nouvelle Orléans. Coopté au Suprême Conseil de la Juridiction Sud le 20 mars 1858, il fut élu Grand Commandeur le 2 ou le 3 janvier 1859 « under unusual circumstances » (Harris 1964, p. 262). Voir à ce sujet la lettre que John H. Honour, Grand Commandeur de la Juridiction Sud, démissionnaire le 13 août 1858, adressa à Pike le 20 mars 1860 (Harris 1964, p. 281). Pike demeura Grand Commandeur jusqu’à sa mort survenue le 2 avril 1891.

[13]          OB II, 2, p. 141. Pike dut peut-être s’étrangler en recevant la première lettre officielle du Suprême Conseil de Suisse qui, pour le remercier de la reconnaissance que lui avait accordée la Juridiction Sud, écrivait à son Grand Commandeur : « It is pleasant for us to enter into permanent relations with you, our dear Brethren of the Western Hemisphere » (lettre du 18 décembre 1873, OB II, 3, p. 71).

[14]          Cette lettre n’est pas mentionnée par Mandleberg.

[15]          On trouvera la biographie de Claude Pierre Samory (1809-1899) in Lobingier 1931, p. 188 et son éloge funèbre par le Grand Commandeur Albert Pike in OB IX, pp. 349-352. Ensemble avec Charles Laffon de Ladébat (1807-1882), il reçut le 33° de Jacques Foulhouze (1800-1875) au Suprême Conseil de Louisiane, le 11 février 1852. Il était le fils de Claude Nicolas Samory (né à Paris en 1761), riche propriétaire à St Domingue, membre de La Candeur à Charleston, où il reçut les 4°, 5° et 6° de Grasse-Tilly le 1er décembre 1798, et de Marie Magdelaine Dupont Delorme, fille de Pierre Dupont Delorme, également membre de La Candeur, créé « Député Inspecteur Général du Souverain Gd Conseil des Souverains Grands Inspecteurs Généraux établis dans les Isles françaises de l'amérique » par patente que lui remit Grasse-Tilly le 15 février 1802.

[16]          Le compte-rendu de cette réunion de la Juridiction Sud à la Nouvelle Orléans est la plus ancienne qui ait été conservée dans les archives de cette juridiction (Allocution du Grand Commandeur Pike, le 6 mai 1878, OB IV, p. 17). Le Suprême Conseil du Grand Orient de France savait ce qui s’y était dit ; dans un rapport de 1858, le F\ Réxès, Grand Officier d’honneur du Grand Orient de France, écrivait : « Nous savons de plus que la nécessité de ces amendements [aux Grandes Constitutions de 1786] a été récemment proclamée en Amérique, notamment dans la dernière session du Suprême Conseil de Charleston, tenue par exception à la Nouvelle-Orléans » (OB I, p. 82, extrait du rapport Hermitte de 1868 cité plus bas).

[17]          Lire : Charles John Vigne. Coopté au Suprême Conseil pour l’Angleterre et le Pays de Galles et nommé Grand Secrétaire Général du Saint Empire en 1855 (Mandleberg 1995, p. 33).

[18]          TSJ 1878, p. 71.

[19]          Lettre du 28 janvier 1859 (OB VII, pp. 363-364).

[20]          Fac-similé Harris 1964, pp. 367-369. Les destinataires de cette circulaire étaient énumérés dans l’ordre suivant : 1) Suprême Conseil pour l’Angleterre et le Pays de Galles, 2) le Grand Collège des Rites, Suprême Conseil pour la France, 3) le Suprême Conseil de France, 4) le Suprême Conseil pour l’Écosse, 5) le Suprême Conseil de Belgique, 6) le Suprême Grand Conseil des Rites pour l’Irlande, 7) le Suprême Grand Conseil pour le Portugal, 8) le Suprême Conseil du Pérou, 9) le Suprême Conseil du Venezuela, 10) le Suprême Conseil pour la Juridiction Nord, 11) le Suprême Conseil pour la Nouvelle-Grenade siégeant à Carthagène, 11) le Suprême Conseil pour le Brésil, 12) le Suprême Conseil pour la République Orientale d’Uruguay. L’envoi simultané au Grand Collège, Suprême Conseil, et au Suprême Conseil de France ne peut pas étonner si on se souvient des mots que Pike prononçait devant son Suprême Conseil le 29 mars 1860 : « this Council feels bound to recognize and acknowledge each of them, not for its own sake, but for the sake of the Masons under it, as a lawful and legitimate Supreme Power of the Rite ; and so offers frankly to each the hand of amity. » (TSJ 1878, p. 99).

[21]          TSJ 1878, pp. 97-98.

[22]          « The Sovereign [English] Grand Commander replied to this […] It is evident that Supreme Council was not evincing any great enthusiasm about this Convocation... » (Mandleberg 1995, p. 239).

[23]          TSJ 1878, p. 219. Sans doute une allusion à la lettre de janvier 1856 mentionnée plus haut.

[24]          TSJ 1878, p. 220.

[25]          D’autant qu’une fois les hostilités terminées, le Grand Commandeur Pike, qui avait choisi le camp des Confédérés, fut obligé de s’exiler au Canada au mois d’août 1865. Au cours de ce voyage, le manuscrit des Constitutions Secrètes lui fut dérobé (Albert Pike 1872. Ancient and Accepted Scottish Rite of Freemasonry, p. 301). Pike fut gracié par le Président Andrew Jackson au mois d’avril 1866 (Lobingier 1931, pp. 224-226).

[26]          TSJ 1878, p. 348.

[27]          Northern Supreme Council Proceedings, 1868, p. 111, cité in Lobingier 1931, p. 904.

[28]          Décret signé Mellinet du 5 novembre 1868 (texte du décret in OB I, p. 79). Un Suprême Conseil avait été créé à la Nouvelle-Orléans le 27 octobre 1839 grâce à un membre du Suprême Conseil pour l’Hémisphère Occidental, Orazio de Attellis, Marquis de Santangelo. Celui-ci était venu en visiteur à la Nouvelle-Orléans en septembre 1832, cinq mois après la signature du Traité d’Union entre le Suprême Conseil Hicks (successeur du Suprême Conseil Cerneau à New York) et le Suprême Conseil de Saint Laurent, traité qui avait donné naissance au Suprême Conseil Uni pour l’Hémisphère Occidental. Santangelo avait alors conféré le 33° à plusieurs membres du Grand Consistoire de Louisiane (Bernheim 1995). En 1852, le rapport de Leblanc de Marconnay conseillait au Grand Orient de France de reconnaître quatre Suprêmes Conseils aux États-Unis : la Juridiction Sud, les deux Suprêmes Conseils de la Juridiction Nord (Gourgas à New York, Atwood à Boston) et celui de la Nouvelle Orléans. En 1856, un envoyé de la Juridiction Sud convainquit le Grand Orient de France de retirer sa reconnaissance au Suprême Conseil de Louisiane. Mais le rapport d’A. Hermitte (« Nous estimons que le Grand Orient de France ne peut pas juger cette question de régularité ou d’irrégularité qui est purement relative entre ces deux puissances américaines »), membre du Conseil de l’Ordre et 33°, amena la Grand Orient de France à revenir sur sa décision et le Grand Maître Mellinet à prendre le décret évoqué. Le rapport Hermitte du 17 octobre 1868 est reproduit intégralement en français in OB I, pp. 80-84.

[29]          Cette double décision fut annoncée à 13 corps maçonniques (énumérés in OB I, p. 62) par un “Encyclical Balustre” adopté à l’unanimité par la Juridiction Sud à Baltimore début mai 1870 et par la Juridiction Nord le 15 juin suivant à Cincinnati. Son texte intégral, reproduit in OB I, pp. 61-72, y est suivi par 18 pages de documents.

[30]          Allocution du Grand Commandeur Pike devant la Juridiction Sud, 29 mars 1860 (TSJ 1878, pp. 98 & 99). Pike fait allusion ici au comte de Saint Laurent. Le Suprême Conseil de France nomma en 1862 un nouveau garant d’amitié auprès du Suprême Conseil de l’Hémisphère Occidental, maintenant dénommé Suprême Conseil des États-Unis (Cerneau), en la personne du T\ Ill\ F\ Augusta Hugo de Bülow (Peckham 1884, p. 209). Mais les relations avec le Suprême Conseil de France avaient été réveillées un an plus tôt lorsque Pike avait adressé ses rituels révisés, le 21 février 1859, au duc Decazes (OB VII, p. 367) lequel le remercia par lettre du 1er juillet (TSJ 1878, p. 223).

[31]          OB I, pp. 357-359. Juridiction Nord des États-Unis, Angleterre et Pays de Galles et les dépendances de la couronne britannique, Irlande, France et les possessions françaises (Suprême Conseil de France), Belgique, Portugal, Italie (Turin), Pérou, Brésil (Vallée du Lavradio). Dans une lettre reçue à Londres en mai 1872, le Suprême Conseil de France répondit favorablement à l’idée d’une Conférence destinée à mettre à jour les Constitutions de 1786 (Mandleberg 1995, p. 228).

[32]          Le texte de ces quatre Articles of Agreement and Compact est reproduit in Carter 1967, pp. 64-65. L’auteur écrit que ces articles furent lus par Pike à la réunion de la Juridiction Sud du 6 mai 1872 à Louisville (Kentucky), « but there is no record that the same was adopted as an official statement of minimum principles upon which recognition could be based ».

[33]          Texte de la circulaire in OB II, 2, pp. 10-11 & 61 (mentions in Lobingier 1931, p. 905 ; Clément 1937, p. 170 ; Carter 1967, pp. 77-78). Le Suprême Conseil pour l’Angleterre répondit le 31 mai 1873 : « However there are many points on which it appears impossible, even if desirable, that absolute uniformity should obtain, e.g. In this Country the 18° is worked as an essentially Christian degree - whereas in America and other countries it is thought more in accordance with the universality of Freeemasonry, that all special allusions to the Christian Religion should be avoided. This is one point which the members of the A. and A. Rite in this Country could never agree to forego. » (Mandleberg 1995, p. 260).

[34]          Dans une lettre adressée à Pike le 27 décembre 1873, le Suprême Conseil de France expliquait : « Unfortunately, our efforts have not been crowned with success, and by considerations altogether personal, the Supreme Council of Belgium has declined the proposition » (OB II, 3, p. 52). Ce qui amena Pike à déclarer devant la Juridiction Sud réunie à Washington le 4 mai 1874 : « I received replies from many of the Councils approving the plan ; but the Supreme Council of England and Wales regarded it with disfavor as inexpedient. The Supreme Council of France represented that few European Councils would be represented if it were held here, and advised holding it at Bruxelles. [...] Becoming satisfied that, if held here, only a part of the Powers would be represented, and that it would consequently be impossible to effect the object desired, I expressed to the Councils our willingness that it should be held at Bruxelles, subordinating our own desires to the general interest ; and requested the Supreme Council of France to invite the Powers to send delegates to Bruxelles. It addressed the Supreme Council of Belgium upon the subject ; but that Power, for reasons given by it in a reply, affecting itself alone, a copy whereof was transmitted to me, deemed it inexpedient to hold it at Bruxelles ; and for the present, at least, the proposal fails. » (Lobingier 1931, pp. 905-906).

[35]          Écrivant le 21 février 1874 au Grand Commandeur Pike, Léopold Riche expliquait : « You spoke, in the 2nd Volume of your Bulletin, N° 2, of a fact which seemed to you abnormal, viz., the working by one and the same Lodge of two different Rites. You are right ; but it is a practice established by long usage, and which it would perhaps be difficult to modify ; and it is precisely on account of this duality that we have been obliged to decline the offers made us of convening the Masonic Congress at Bruxelles » (OB II, 3, pp. 59-60).

[36]          Clément 1937, pp. 170-171. Clément ne donne pas la date de cette réunion qui eut lieu le 27 novembre 1874. De plus longs extraits de l’intervention du Grand Orateur Pappaert sont cités in OB III, pp. 192-194).

[37]          L’ancêtre du Traité de 1875. Le texte de ses seize articles est reproduit in OB III, pp. 92-98 et Carter 1967, pp. 436-440. Voir aussi Lobingier 1931, pp. 905-906.

[38]          La lettre de Mackey est reproduite in Carter 1967, p. 435.

[39]          Carter 1967, p. 103.

[40]          Lettre du 29 mai 1874 (OB II, 3, p. 54).

[41]          Fac-similé de cette lettre du 28 juillet, qui se trouve aux archives du Suprême Conseil de Suisse, in Mandleberg 1997, p. 93, sa transcription ibid., p. 109. Voir aussi Lobingier 1931, pp. 905-906 & Carter 1967, pp. 83-100.

[42]          Mandleberg 1995, pp. 269-270.

[43]          OB III, pp. 99-106. Dans ses Observations, le Suprême Conseil de France avait inclus le projet d’une Déclaration des principes maçonniques, ancêtre de celle qui sera adoptée à Lausanne. Pike l’annota ainsi : « Don’t want this. It belongs to the degree of apprentice. ». Il en rédigera néanmoins une, citée plus bas, qu’il soumit par circulaire aux Suprêmes Conseils deux ans avant sa mort.

[44]               OB III, p. 98. Dans son allocution de mai 1876, Pike déclara devant son Suprême Conseil : « I had at no time intended to be present at the Congress […]. I appointed the Illustrious Brethren, the Grand Prior and Grand Chancellor, and Illustrious Brother Toombs to represent you; and as the two first could not do so, I left the whole matter to the Illustrious Brother Shaw, who was then in London » (Lobingier 1931, p. 906). « The Sup\ Co\ for the Southern Jurisdiction was to have been represented by its Gr\ Prior\ Ill\ Br\ E. H. Shaw, who was in London ; but sickness prevented his attendance. » (OB III, p. 91). Ebenezer Hamilton Shaw (1828-1876), coopté au Suprême Conseil en novembre 1865 et élu Grand Prieur en 1870, fut choisi pour représenter la Juridiction Sud à Lausanne parce qu’il avait quitté les États-Unis vers 1872 et résidait en Angleterre. Atteint d'un cancer de l'estomac, il décéda le 2 février 1876 (Lobingier 1931, pp. 285, 906 et 908 ; Carter 1967, p. 112).

[45]          Voir la lettre du Gd Chancelier Guiffrey au Grand Commandeur Pike du 18 octobre 1873 (OB II, 2, pp. 50-51).

[46]               Le rapport non daté adressé au Grand Commandeur Pike par Pitkin C. Wright dans lequel sont décrites ses actions aux îles Sandwich entre son arrivée à Honolulu, le 19 juin 1874, sa création d’une Loge de Perfection, le 16 juillet, et celle d’un Chapitre de Rose Croix, le 12 septembre, est reproduit in OB III, pp. 83-86. Wright recommandait à Pike de nommer John Owen Dominis Député du Suprême Conseil pour le royaume de Hawaï. Dominis remercia Pike pour sa nomination le 30 avril 1875 et le 7 avril 1876 accusait réception de deux lettres du Grand Commandeur qui l’informaient de l’état des relations avec le Suprême Conseil de France (voir note 50).

[47]          Loge n° 124 à laquelle le Suprême Conseil de France adressa un jeu de rituels manuscrits, reproduits in Ordo ab Chao N° 39-40 (1999), pp. 477-650. Dans le numéro 33 (1er semestre 1996), de la même revue, voir l’article de Robert Budor à propos des débuts de cette loge (« … pendant près de quatorze ans, les Vénérables successifs réclament désespérément la Charte définitive de leur Loge sans recevoir de réponse… le Vénérable, peu au fait des subtilités obédientielles, avait commis l’erreur d’envoyer ses rapports et réclamations non à l’adresse du Suprême Conseil mais à celle du Grand Orient de France qui, peu fraternellement, ne les a pas transmis à son concurrent. »

[48]          Les îles Sandwich, aussi connues sous le nom de Hawaï, constituaient alors un royaume. Elles furent annexées en 1898 par les États-Unis.

[49]          Créé le 12 juillet 1875 (Carter 1967, p. 105).

[50]          Ce double échange de lettres est intégralement reproduit in OB III, pp. 24-35. Une lettre ultérieure de Pike, « adressée par lui à son représentant à Honolulu, le Général Dominis, d’ailleurs membre de la loge française » et faisant état des prétentions du Suprême Conseil de France, est citée dans l’article de Robert Budor (voir note 47).